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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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24 mai 2021

Auguste BLANQUI et l'archevêque DARBOY…

Ou comment commettre des exactions anticléricales ?...

DARBOY Georges

Le communisme, pendant plusieurs années, eut pour raison d'interdire la pratique des religions, notamment sous Staline, qui fit détruire des lieux de cultes, persécuta les prêtres et ferma les séminaires. Auguste BLANQUI n'alla pas si loin, mais les dirigeants de la Commune, si !...

Le 17 mars 1871, Auguste BLANQUI est arrêté et emprisonné, une nouvelle fois. Et, le lendemain, tout bascule dans la colère, dans tout ce qu'une révolution peut avoir de barbare. Le communisme des Blanquistes prend le dessus et vise principalement les religieux… 

  • suppression des budgets des cultes "le clergé a été complice des crimes de la Monarchie contre la Liberté",
  • fermeture de l'église Saint Pierre de Montmartre et arrestation des prêtres et des ignorantins,
  • démolition de l'Eglise Saint Marcel de la Maison Blanche, dite Chapelle de Bréa,
  • destruction de la Chapelle expiatoire de la rue d'Anjou,
  • attentats contre les couvents et les religieuses.

 Le 3 avril 1871, c'est le summum : la prise militaire de l'Archevêché et l'arrestation de son archevêque, Georges DARBOY, conduit à la Conciergerie. Les émeutiers pillent ensuite les lieux. A minuit, le même jour, les révolutionnaires reviennent et arrêtent Justine, la sœur de l'archevêque. Le 26 avril, l'Archevêque est conduit à la prison de Mazas – où il sera à l'isolement total – alors que sa sœur rejoint celle de Saint Lazare.

"La persécution contre le clergé a pris un caractère de plus en plus acharné, à mesure qu'on approchait du dénouement. Les arrestations arbitraires avaient continué ; les mesures violentes se multipliaient contre les prêtres. […] On avait pillé Notre-Dame de Lorette, dévasté Notre-Dame des Victoires."

"Nous avons pris DARBOY en otage, et si l'on ne nous rend point BLANQUI, il mourra."

Les prisonniers de Mazas entendent, depuis quelques temps déjà, le bruit incessant des canons et des fusillades. Ils pensent, à juste titre peut-être, que les émeutiers étaient trop occupés à défendre Paris pour pouvoir s'occuper d'eux, les otages.

L'indépendance Française - 29

Pour autant, le 19 mai 1871, les décrets de la commune annonçant le jugement et la condamnation à mort des otages parviennent à Versailles. Le dimanche 21, les troupes de Versailles entrent dans Paris. Le 22 mai, l'Archevêque fait partie des 101 otages qui partent de Mazas pour la prison de la Roquette, parmi ce personnes, l'abbé DAGUERRY, curé de la Madeleine, l'abbé JUGE, le sénateur BONJEAN, le banquier JACKER, le Père Principal OLIVAINT, supérieur de la Résidence des Jésuites, le Révérend Père CAUBERT, procureur de ladite Résidence et quarante autres ecclésiastiques. La foule, massée aux portes de la prison poussaient des cris de joie féroce au vu du destin prévu pour ces ecclésiastiques. Georges DARBOY est fort souffrant, sa barbe longue et vieillissante sur son visage amaigri le rendait méconnaissable. Il s'enveloppe d'une vieille houppelande afin de se protéger du froid et de la pluie.

Le convoi arrive vers huit heures du soir, après l'appel, chaque prisonnier est conduit en cellule. L'obscurité profonde ne leur permet pas de voir, c'est en tâtonnant que chacun parvient à s'allonger sur la couche en fer, sur laquelle repose une fine paillasse et une couverture. La nuit ne fut bonne pour personne : s'ils n'avaient pu se douter de leur sort, les conditions d'hébergement suffirent à les éclairer.

Le 23 mai, les prisonniers sont obligés de rentrer dans leur cellule respective dès deux heures de l'après-midi jusqu'au lendemain.  Le mercredi 24 mai, la lutte, à l'extérieure de la prison, semble vive, et, de fait, l'espoir renaît, d'autant que les prisonniers peuvent à nouveau sortir. L'Archevêque est très malade, il ne peut plus s'alimenter, mais reste avec ses compagnons d'infortune.

Pour répondre à l'insistance de la foule massée au pied de la mairie du 11ème arrondissement, les chefs présents de la Commune optent pour le jugement des otages. Jugement sans appel : il faut fusiller 68 otages, surtout des prêtres ! L'ordre est porté à la prison par GENTON, menuisier qui s'était constitué président de la cour martiale. VÉRIG, celui-là même qui va diriger le peloton d'exécution, et FRANÇOIS, le directeur de la prison, estiment que c'est trop, beaucoup trop. Ils optent pour cinq mais n'inscrivent que trois noms : DARBOY, BONJEAN et DEGUERRY. Au soir du 24, VÉRIG et un détachement de fédérés, qui fera office de peloton d'exécution, entrent dans les couloirs pour emmener les condamnés, mais… toujours que trois noms alors qu'il faut six otages ! L'abbé ALLARD, aumônier des ambulances de la Société Internationale de Genève, les Révérends pères jésuites CLERC et DUCOUDRAY ont été appelés à la hâte. Six, le peloton a bien six personnes ! Arrivés au lieu d'exécution, les condamnés s'agenouillèrent pour prier, puis s'alignèrent, debout, à trois mètres du mur. "un seul feu prolongé, irrégulier, avec deux courts intervalles retentirent un peu avant que l'horloge de la prison ne sonnasse huit heures."

DARBOY - fusillade

Les corps n'ont été relevés que dans la nuit suivante pour être transportés au cimetière du Père Lachaise, dans une fosse, jetés comme des bêtes. Le 28 mai, l'armée s'empare du cimetière, dernière position des insurgés, et ouvre les portes de la Roquette.

Aussitôt, les victimes sont exhumées ; il va sans dire que les dépouilles avaient été pillées de ce qu'il leur restait encore de personnel. Pendant dix jours, une chapelle ardente est mise en place à l'archevêché. La foule des fidèles se pressa. Parmi elle, se trouvèrent sans doute un bon nombre de ceux qui avaient combattu avec l'insurrection. "Pour l'honneur de l'humanité, il faut supposer que dans les rangs de l'émeute, il y avait bon nombre d'hommes plus égarés que criminels."

DARBOY - exécution

Les funérailles de l'Archevêque Georges DARBOY ont eu lieu le 7 juin 1871 en la Cathédrale de Notre-Dame

Les révolutions – comme les guerres – n'ont rien de valeureux. Mais, ne pas oublier les crimes commis c'est faire honneur à l'histoire !...

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