Claude LABELLE et ses enfants…

La vie d'un manouvrier, journalier, tâcheron, n'est pas chose aisée au 19^ème siècle. Surtout en cas de veuvage et de non-remariage… Claude, père de douze enfants dont sept sont arrivés à l'âge adulte, connaîtra des hauts et des bas…

Le 5 septembre 1854, Claude LABELLE, 28 ans, journalier, fils de Claude et Anne PARIZE, épouse Pierrette RIGEY, 19 ans, vigneronne, fille de Jean et Françoise CHROMELOT.

Le couple a douze enfants, tous nés à Corgengoux :

• François, le 23 avril 1855,
• Jeanne, le 29 avril 1857,
• Claudine, le 14 mai 1859,
• Louis, le 11 août 1861, décédé le 7 mai 1862,
• Marie, le 4 avril 1863, décédée le 18 février 1865,
• Marie, le 17 janvier 1865, décédée le 15 mai 1868,
• Pierre, le 7 octobre 1866,
• Marie, le 8 juillet 1868, décédée avant 1876,
• Claude Félix, le 30 mars 1871,
• Auguste, le 3 avril 1872,
• Paul, le 1^er octobre 1873,
• Un fils, né et décédé le 8 septembre 1874.

Au recensement de la commune, en 1876, Claude, veuf depuis le 21 septembre 1874, a à sa charge ses quatre plus jeunes enfants : Claudine, 17 ans, Pierre, 10 ans, Félix, 5 ans, et Paul "Eugène", 3 ans. Une interrogation : où est passé Auguste, âgé de 4 ans ? Lors du conseil de famille a-t-il été décidé qu'il irait chez un autre membre de la famille ? Ce qui est sûr, c'est qu'il ne vit plus avec son père. Ce dernier aurait-il pu s'occuper correctement de ses enfants ? Sûrement… Mais, en 1877, Claudine accouche de Charles. Elle n'a que dix-huit ans et reste donc auprès de son père.

En 1881, la famille a quitté Corgengoux et s'est installée à Labergement-lès-Seurre, à une dizaine de kilomètres. Claude travailler à la tâche, tantôt vigneron, tantôt journalier, tantôt casseur de pierres… C'est un "gagne-misère" avec des enfants à entretenir, à nourrir. A cette époque, les veufs et les veuves avec enfants se remarient très vite : les premiers apportant les finances, les secondes s'occupant des enfants des deux premiers mariages auxquels s'ajoutent les enfants du second mariage.

A Labergement-lès-Seurre résident d'autres LABELLE, sûrement de la famille. Claudine a quitté le foyer et réside à Beaune. Claude et ses trois fils travaillent, rien d'anormal malgré le jeune âge des deux derniers garçons.

Que se passe-t-il ? Est-ce une récidive ? Le 27 janvier 1883, au Tribunal de Beaune, Paul "Eugène" est jugé pour vol, il n'est âge que de 9 ans 3 mois et 26 jours. La justice est sévère à l'égard de ces enfants-là. Au vu de leur jeune âge, les enfants ne sont pas jugés coupables mais irresponsables : ils agissent sans discernement ! Les parents, eux, sont coupables et responsables financièrement. Ainsi, la justice peut "placer" les enfants en maison de correction jusqu'à leur majorité, alors que, coupables, ils auraient eu une peine plus… légère ! C'est ainsi que Paul quitte la Côte-d'Or pour la colonie de Montlobre, commune de Vailhauquès, dans l'Hérault. Il arrive dans sa "prison" le 21 mars 1883.

A la fin de l'année suivante, le 11 décembre 1884, Pierre signe un engagement auprès de la mairie d'Auxonne, pour le 4^ème Régiment d'Infanterie de Marine. Son contrat est d'une durée de 4 ans. Heureusement pour Claude, sa fille Claudine, avec ses deux enfants, et Claude Félix sont encore présents, comme l'indique le recensement de population de 1886.

Le 14 mai 1887, ce doit être la fête : Claudine épouse Louis CLERC, 33 ans, cultivateur. Les deux époux reconnaissent pour leurs enfants Charles et Pierre, nés LABELLE, et s'installent à Beaune. A son tour, Pierre, rentré de l'armée à la fin de l'année 1888, épouse Hortense BIRARD, le 6 juillet 1889. Le couple aura deux enfants : Pierre Auguste, né en 1890, et Claude François Henri, né en 1892.

Sur le recensement de la commune de Labergement, en 1896, aucun membre de la famille ne réside dans la commune : ils sont tous partis à Beaune. Cette même année, Auguste, le fils qui n'est plus dans cette famille, se marie à Corgoloin avec Marie Marguerite BON. La fratrie n'est pas vraiment "éclatée" puisque Félix, son frère, est présent en tant que témoin et Claude, le père, est présent.

Et le sort vient frapper cette famille ressoudée ! Le 15 septembre 1899, Pierre décède à Beaune, âgé de 32 ans. Mais le bonheur revient avec les mariages de Claude Félix, le 30 janvier 1900 à Beaune, et de celui de Paul, le 3 février 1900 à Auvillars-sur-Saône.

Et la vie poursuit son cours, comme dans toutes les familles, jusqu'à ce jeudi 4 juin 1908 où Claude LABELLE s'éteint à Beaune. Il aura connu au moins douze petits-enfants…

A cette vie, il est possible de mettre d'autres patronymes dans d'autres lieux, l'histoire serait la même, à quelques détails près…