Oliver AMES, Lieutenant US, et Seringes-et-Nesles…

Je ne vous apprends rien en vous rappelant que nombreux sont les militaires américains décédés au cours de la Première Guerre Mondiale sur le sol français. Oliver AMES est un de ceux-ci…

Dans la campagne axonaise, sur la route départementale n° 3, à peu de distance de Beuvardes sur le territoire de la commune de Villers-sur-Fère, se trouve le mémorial de la Division Rainbow (42^ème Division US). C'est un endroit qui vous prend les tripes tant par le monument en place que par les restes de la ferme où de lourds et longs combats se sont déroulés.

Les 25 et 26 juillet 1918, la Bataille de la Ferme de la Croix Rouge fut terrible. "Le 25 juillet, au crépuscule, un premier régiment de la division Rainbow, le 167^ème Régiment d'Infanterie (Alabama), sous les ordres du Colonel William Preston SCREWS, remplace des éléments de la 26^ème Yankee Division (Nouvelle Angleterre) dans la forêt, à l'ouest de la ferme de la Croix Rouge. Ils ont, face à eux, une unité d'élite allemande, la 4^ème Division des Gardes, flanquée par la 10^ème Division de la Landwehr. Toute la nuit, l'artillerie allemande tire de façon intermittente contre les troupes d'Alabama. Au matin du 26 juillet, dans le froid et l'humidité, c'est au tour du 168^ème Régiment (Iowa) de quitter Epieds pour prendre position dans les bois à l'ouest et au sud de la ferme. Ces deux régiments avaient acquis leur expérience dans les tranchées de Lorraine et en combattant sur le front de Champagne avec la 4^ème Armée française du Général GOURAUD. Le chef d'état-major était le Colonel Douglas MacARTHUR. Sans aucun support d'artillerie, le premier bataillon d'Alabama, sortant des bois à l'ouest, avance à découvert à 16h50. Des éléments des compagnies C et D chargent en passant à travers les compagnies A et B. Ils perdent rapidement mortiers et mitraillettes et, en un peu plus de quinze minutes de combat à découvert, sont pratiquement éliminés. La bataille semble perdue, le silence se fait sur le champ de bataille pendant plus d'une heure. Un deuxième effort avec la centaine d'hommes restant des compagnies D et C s'organise. Ces hommes chargent à découvert, et tandis que la moitié s'effondre sous le feu ennemi, les autres usant aussi bien leur fusil que leur crosse ou leur baïonnette, repoussent avec succès les Allemands du champ de bataille. […]"Les Américains s'emparent de la ferme à 20 heures. Le feu de l'artillerie allemande se poursuivra tout au long de la nuit.

"A l'aube du 27 juillet, le champ de bataille est couvert de morts et de blessés américains et allemands, mes les Allemands se sont retirés. Pendant la nuit, l'infirmerie de campagne du régiment d'Alabama a traité plus de 1 100 hommes, y compris des Allemands. Parmi les 162 morts d'Alabama, il est compté trois lieutenants et deux capitaines. Décimés, les premier et troisième bataillons fusionnent et sont amalgamés au deuxième bataillon pour une marche vers l'Ourcq, à l'est où ils arrivent à la tombée de la nuit."

Oliver AMES est l'un des trois lieutenants morts sur ce champ de bataille ! Qui est-il ?

Né le 27 août 1895 à Boston, dans le Massachussetts, Oliver AMES est le fils de Oliver et Elsie Alger WEST. Il a un frère, Richard, né l'année suivante, le 27 août à Beverly, dans le même Etat. 

A l'appel de sa classe, en 1915, Oliver Jr est étudiant au Harvard College, à Cambridge. Sa carte d'incorporation indique qu'il est de type caucasien, cheveux châtains et yeux marrons. Sa taille est "normale", pas de centimètres comme pour nos militaires français. Oliver ne demande pas le report d'incorporation ni l'exemption de service.

Le 6 octobre 1917, à Easton, Massachussetts, Oliver épouse Caroline Lee FESSENDEN. Et puis il quitte les Etats-Unis pour venir défendre la France face à l'ennemi. C'est le 28 juillet 1918 qu'il est déclaré décédé à Villers-sur-Fère. A-t-il eu connaissance de la naissance de sa fille Olivia, le 3 juillet ? C'est fortement improbable !

Sa dépouille repose au cimetière militaire américain de Seringes-et-Nesles…

Nous ne remercierons sûrement jamais assez les Américains d'avoir soutenue leur "mère-patrie" d'origine en venant prêter main forte aux troupes françaises et alliées…

Comments

[Annick H.]

Mon grand-père maternel était de la même classe que le Lt.Ames. Il a été mobilisé du 17 décembre 1914 jusqu'au 25 août 1919. Il a même été prisonnier, mais s'est évadé après seulement 1 mois de captivité. Il racontait souvent combien il avait eu de la peine pour les jeunes américains qui n'avaient aucune idée comment se menait cette terrible guerre de tranchés et qui se faisaient tuer trop facilement dans leur enthousiasme pour libérer la France. Lui était plutôt bien rodé en 1917 quand les Américains sont arrivés. Il a mis son point d'honneur à raconter cela à mon futur mari (lui aussi un lieutenant Américain à ce moment là, aussi du Massachusetts) en le remerciant pour tous ces jeunes Américains venus à l'aide de la France.