La Guerre de 1870 : le 30 juillet…
Les premières bombes…
Une dépêche de Paul de KATOW pour le journal "Le Gaulois" relate les premiers échanges de tirs de munitions le 30 juillet 1870.
"Depuis les hauteurs qui dominent le petit village de Spicheren, on aperçoit le champ de manœuvre prussien situé en avant de Sarrebruck. Du côté de l'ouest, il est couvert par un rideau d'arbres et à l'extrémité de celui-ci, sur la route de Mayence, se trouve une maison à deux étages en pierres rouges, paraissant solidement construite. C'est là que, depuis le début des hostilités, sont installés le poste d'infanterie et celui de cavalerie. […] Depuis quelques jours, on s'était aperçu que l'ennemi construisait des tranchées et épaulements de terre en oblique sur la route. C'est sans doute pour cela que la décision fut prise d'y jeter quelques bombes. A une heure, quatre canons stationnaient sur le mamelon de terre et se tenaient prêt à prendre part à la bataille. […] Le temps, chargé de gros nuages depuis le matin, vira à l'orage. Le tonnerre éclata avec de formidables roulements, les éclairs sillonnaient le ciel d'un horizon à l'autre, et la pluie tomba avec une telle violence qu'en moins de cinq minutes, les chemins et les sentiers furent changés en torrents, entraînant arbres et grosses pierres sur leur passage. L'orage dura un quart d'heure.
Le ciel, à nouveau éclairci, une quinzaine de tirailleurs volontaires de la ligne, commandés par un lieutenant, descendirent la colline pour prendre position dans les champs sur le territoire ennemi. Un soldat prussien fit feu et se plaqua au sol. La riposte ne le toucha pas. Au même moment, une formidable détonation ébranla les échos de la forêt et une bombe tomba à deux ou trois mètres de la maison rouge. Au second coup de canon, la bombe pénétra dans la maison, et une autre bombe (parmi une quinzaine) éclata sur la maison elle-même, toutes les autres atterrirent sur Sarrebruck.
Les quelques fantassins et cavaliers aperçus sous les arbres s'étaient retirés pendant l'orage. Après le seizième coup tiré, l'artillerie se retira à son campement."
L'orage a fait de gros dégâts partout dans les camps. La terre est couverte de nappes d'eau et les soldats battent la campagne pour repêcher les gamelles, les marmites et les fourniments entraînés par les torrents…
Il y a lieu de supposer que Sarrebruck n'est occupé que par une faible garnison que l'on espère voir partir à l'approche des forces françaises…