Challenge UPro-G : les inondations de 1910 …

Le 29 janvier 1910, à Issy-les-Moulineaux, naissait mon grand-père Georges Lucien DEVILLERS. C'est loin d'être une catastrophe naturelle ! Que non, puisque, de fait, je suis là à écrire et vous à me lire…

Alors que mon grand-père se décidait à sortir du douillet nid dans lequel il était, la crue de la Seine était quasiment à son apogée ! Le journal "Le Matin" écrit dans son édition du jour que "Partout des catastrophes menaçaient. Elles ne se sont heureusement pas accomplies."

Le froid est là, la neige est tombée abondamment et le dégel a des conséquences importante. Au cours de la première quinzaine de janvier, Paris et sa banlieue ont subi des inondations qui, venues de la Seine et de ses affluents, ont dépassé toutes celles connues jusqu'ici.

Le 17, les inquiétudes sont là : l'eau monte, monte, monte… Quand cela va-t-il s'arrêter ?  Dès le 19, la Seine, toujours très haute, charrie des épaves de toutes natures qu'elle arrache le long de ses rives débordées.  Le 29 janvier, le Matin, annonce que la Seine continue de monter et le service hydrométrique central du Bassin de la Seine, tout en espérant la fin prochaine de la crue, prédit une nouvelle hausse du fleuve dans sa traversée de Paris. "La Seine a baissé de 38 centimètres à Melun. Cependant, à cause du resserrement des ponts, la Seine monte encore légèrement pour une côte d'alerte maximale à 8,70 m au Pont d'Austerlitz et 9,50 m au pont Royal."

Les moyens de transport, si nécessaires aux Parisiens et à la vie moderne, sont réduits à leur plus simple expression. En banlieue, des familles se trouvent sans abri. Les caves des quartiers riverains du fleuve sont inondées, les égouts crèvent et certaines voies, pourtant éloignées, sont envahies par un flot jaunâtre qui atteint, par endroit, plus de deux mètres. Le niveau de la Seine dépasse de loin les plus fortes crues mentionnées par l'histoire de Paris- celles des années 1868 et 1740.

Le 30 janvier 1910, la décrue s'annonce car le niveau de la Marne à Chalifert et Saint-Maur, et celui de la seine à Melun baissent. M. MILLERAND, Ministre des Travaux Publics, interviewé dans "Le Journal" dit que le gouvernement  s'est déjà préoccupé de la situation qui se produira lorsque les eaux se seront retirées. Il a déjà été envisagé de prendre des mesures pour parer, dans la mesure du possible, aux éventualités qui peuvent se produire : la solidité des édifices et des maisons particulières, les précautions indispensables au sujet de l'hygiène, etc. Il annonce aussi que le gouvernement examinera les conditions dans lesquelles il serait possible de diminuer, autant que faire se peut, l'intensité de telles inondations…

Nous savons aujourd'hui que les mesures, prises pour protéger Paris de toute inondation, font que toutes les communes de la banlieue, proche ou lointaine, de Paris sont inondées, parfois très fortement. Le principal ? Que Paris garde les pieds au sec !

Voilà, mon grand-père a poussé son premier cri et la Seine a reculé… Amusant non ?...