Pourquoi les cimetières ? …

En France, nous ne voyons pas les cimetières comme en Angleterre… Je me suis promenée dans différents cimetières à Londres, à Norwich, à Exeter, … et, là-bas, ils font partie de la vie de tous les jours.

En effet, parfois, pour aller d'une rue à l'autre, les anglais traversent un cimetière, s'arrêtent pour se reposer, se restaurer… Qui imaginerait cela en France ?... Mais pourquoi pas ?

Pour moi, un cimetière n'est pas seulement un lieu où l'on "parque" nos morts. Certes, il leur faut bien une dernère demeure, mais est-ce pour autant qu'il faille faire comme si elle n'existait qu'à certaines dates de l'année ?... Je ne visite pas tous les cimetières de la même façon, mais tous, avec respect.

Lorsque je rends visite à une personne que j'ai affectueusement connue, je ne visite pas le reste du cimetière. Etonnant, non ? En fait, toute mon énergie est utilisée pour cette visite et je ne ressens pas le besoin de savoir qui est ici, s'il y a de belles sépultures… je viens pour LA personne, un point c'est tout.

Par contre, lorsque je pousse la porte d'un cimetière, je suis curieuse de ce que je vais y découvrir : de belles stèles, de pauvres tombes abandonnées, des épitaphes curieuses, amusantes, tristes… Je ne suis jamais à la recherche, la recherche au sens réel du terme… Je pense aux personnes qui sont là et qui ont été, sûrement depuis longtemps pour certaines, oubliées. Je pense aussi aux personnes qui ont enterrés leurs parents, leurs amis, et qui ont rendu ce dernier lieu plus ou moins "beau". Car il n'y a pas que les personnalités qui ont de belles sépultures ! De toute façon, au niveau des personnalités, elles n'ont pas toutes non plus des tombes très spectaculaires ; je pense à celle de M. Yves MOUROUSI, et son épouse, ou encore à celle de M. Serge GAINSBOURG et de ses parents. L'une, une pierre tombale simple, sans fioriture et de simples inscriptions, l'autre, de la terre et des fleurs plantées. Lors de mon passage dans ce cimetière, celui de Montparnasse à Paris, une dame d'un certain âge entretenait afin "qu'il n'y ait pas de mauvaises herbes ! Mais qui le fera lorsque je serais morte ?"…

J'ai aussi visité le cimetière du Père Lachaise, à Paris, avec un guide. Je ne me souviens plus du thème mais je n'oublierai pas la visite. Nous avons vu toutes sortes de sépultures et, à chaque fois des anecdotes, des explications, des détails sur les personnes ou sur la raison de telle ou telle stèle. C'est ce monsieur qui nous parlait régulièrement des épitaphes qu'il relevait consciencieusement, régulièrement… Depuis, j'y fais plus attention.

Mais je ne visite pas que de "grands" cimetières. Je visite tous ceux qui, comme cela, me donne envie de pousser la porte. Et je me promène dans les allées, oui, vous lisez bien, je me promène ! J'y ai emmené quelques amies qui, au début, devait me prendre pour une "cinglée" mais qui, depuis, ne voient plus les cimetières de la même façon. Qui, elles aussi, sont attirées par l'une ou l'autre des sépultures ! Nous avons chacun, chacune, notre raison de nous arrêter là ou là, c'est totalement personnel ! Je m'attache aussi à prendre en photo les très vieilles sépultures, ou celles qui ont quelque chose de particulier. Attention, pas question de voyeurisme : je ne suis pas intéressée par les tombes récentes. Je respecte les personnes enterrées ici. Ces sépultures-là seront à identifier par notre descendance d'ici bon nombre d'années : de toute façon, désormais, il y a les registres et les plans, donc, les sépultures seront identifiables. Ce n'est pas le cas de celles de nos ancêtres.

Il y a quelques années, dans le cimetière des Grès à Moissy-Cramayel, en Seine-et-Marne, j'ai pris une photo d'une stèle écrite en latin. Elle concernait la famille FONTAINE de CRAMAYEL. Aujourd'hui, cette tombe n'existe plus ! Quel dommage ! Pour moi, cela faisait partie du patrimoine. Que l'on relève les tombes par nécessité, pas de souci, mais une stèle pareille aurait dû être "protégée' et placée dans un endroit du cimetière, le long d'un mur… Enfin, elle aurait dû être gardée !

Je réalise un recensement de ces vieilles sépultures, ses positions dans le cimetière mais aussi qui peut être enterré là. Aux archives départementales, il y a les titres de concessions et je fais un rapprochement entre la tombe, le titre et les personnes… Je fais la "biographie" de la tombe !

En effet, une tombe qui a été relevée servira de lieu de sépulture pour une autre personne. Comme une maison qui passe de personnes en personnes, par héritages, ventes ou autres… La municipalité m'a aidée en me donnant un plan parcellaire d'aujourd'hui. Ainsi, je peux rattacher les photos aux numéros des parcelles et, ainsi, bien identifier les personnes. Ce que je déplore, c'est que, dernièrement, certaines tombes ont été relevées et je n'en ai pas été avisée. Je le constate simplement lors de mes visites !

Alors je vous invite, vous les généalogistes mais aussi les autres, à aller visiter les cimetières, de grands et célèbres comme de petits qui se trouvent proches de chez vous… Regardez bien et vous ne les verrez plus de la même façon, vous y remarquerez des détails qui vous toucheront…

Comments

[Annick H.]

J'ai appris à voir les cimetières d'un autre œil en me "promenant" dans les magnifiques cimetières italiens, surtout ceux de Naples. C'est presque la même expérience que d'aller visiter des œuvres d'art dans un musée, un musée en plein air: on admire, on se recueille, et même on se surprend à parler tout bas par respect.