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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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24 septembre 2017

La Première Guerre mondiale et les familles recomposées, 3ème et dernière partie…

Mais voilà, tous n'ont pas été égaux : un a été épargné du fait de ses problèmes de santé, trois sont rentrés, mais dans quel état… et deux ont donné leur vie !... Il reste Maurice Germain PÉROLS… un destin bien différent !...

Maurice Germain PÉROLS est incorporé le 28 novembre 1913 au 106ème Régiment d'Infanterie. Il est donc présent dans les troupes lorsque la Guerre débute en ce 1er août 1914.

Son régiment, le 106ème Régiment d'Infanterie, est positionné aux Eparges, dans la Meuse. Jour après jour, il a pour mission de gagner cette place tenue par les troupes allemandes… Les premiers jours de septembre, le régiment avait battu par trois fois en retraite : les 3, 4 et 5 septembre. Le 6, il reçoit l'ordre de se porter en avant. A 13h45, le régiment a atteint, sans perte sérieuses, son objectif. Le 3ème Bataillon marche sur Pretz, y pénètre et se trouve sous le feu violent d'artillerie et de mitrailleuse de l'ennemi. Le Colonel, commandant le régiment, décide de se replier : le repli se fait sans désordre. Le 10 septembre – Attaque de nuit : grand nombre d'officiers disparus. Le 14, le Régiment se met en marche, poursuit sa route le 15, le 17, il est à Louvemont[1], au bois des Caurres. Après de forts harcèlements des troupes ennemies, le Régiment se porte vers Douaumont1-Fleury-devant-Douaumont et rejoint la région de Moulainville, où il stationne. Le 21, il repart pour la tranchée de Calonne, à Rupt-sur-Woëvre.

Le 22, tous les éléments de l'Armée du Sud de Verdun attaquent l'ennemi qui a pris pied sur les Hauts de Meuse, de Herbeville à Heudicourt.

Les Eparges 2

Positionnés près de la crête des Eparges, les soldats sont pilonnés chaque jour par les Allemands. Ils doivent à la fois : construire des tranchées et des abris, subir les assauts de l'ennemi et progresser pour gagner cette crête !... Le 26 septembre, cela fait donc déjà 56 longues journées que les soldats marchent, se battent, construisent, marchent, se battent, construisent … Dans le Journal de Marches et des Opérations, il y a très peu de passages qui annoncent le repos. Certes, il est question de bivouac, mais de vrai repos…

La situation du 106ème Régiment d'Infanterie les 25 et 26 septembre 1914 est la suivante : "Le 25 septembreDans la matinée, le 1er Bataillon réoccupe ses positions antérieures, il est en contact permanent près de Vaux, avec des patrouilles allemandes actives qui le harcèlent nuit et jour et subit comme la veille un fort bombardement.

A 1 heure, le 2ème Bataillon est porté sur la croupe 772 tenant par 2 Compagnies les Taillis des Saulx, en liaison vers les Eparges avec la 107ème Brigade, les 2 autres sur les pentes Nord de la même croupe près de la lisière des bois. Mission : tenir à outrance sur la ligne des Eparges-Mouilly, le Bataillon améliore les tranchées existantes et passe la nuit à Mouilly en cantonnement d'alerte.

Le 3ème Bataillon reste sur ses emplacements, subit un bombardement meurtrier et reçoit, à 15 heures, l'ordre de rejoindre le régiment à la cote 372 (N.-E. de Mouilly). Il y arrive à 20 heures et passe la nuit en cantonnement d'alerte à Mouilly.

Le 26 septembre – Mêmes situations pour le 1er Bataillon toujours en contact. 4h3à, les 2ème et 3ème Bataillons reprennent leurs emplacements. Le 2ème ayant 2 Compagnies dans les tranchées en bordure de la route Mouilly-Les Eparges et 2 Compagnies à la cote 372 (lisière des bois près du chemin de retrait)). Le 3ème Bataillon dans les bois des pentes Nord-Est de la cote 372.

14 heures, le 2ème Bataillon relève le bataillon du 301 qui occupait les tranchées Calonne, du chemin des Eparges au chemin de Mouilly exclus. Il tient la lisière Est du bois de Saint-Rémy en liaison à droite avec le 132ème qui tient la route Mouilly-Saint-Rémy et, à gauche avec le 205ème au rentrant de la cote 340. Il continue et améliore les tranchées déjà faites et a mission d'interdire l'accès du bois à l'ennemi. Le 3ème Bataillon disponible dans le ravin N.-E. de Mouilly au sud, et près du chemin de Mouilly-Les Eparges, continue les tranchées commencées le long de la tranchée Calonne. Le 132ème s'efforce de progresser vers le carrefour : tranchée de Calonne – Chemin de Vaux-Saint-Rémy.

Le 3ème Bataillon relève le 54ème dans les tranchées sud de 372 et au Nord de Mouilly. Il améliore les tranchées de façon à battre efficacement la route de Mouilly-Saint-Rémy à la sortie est de Mouilly. La section de mitrailleuses construit un ouvrage d=au sud de la même croupe.

Le 2ème Bataillon bivouaque sur place ainsi que les 2 compagnies de la cote 892. Les deux autres compagnies du 3èmeBataillon en cantonnement d'alerte à Mouilly.".

Comme ces hommes, jeunes pour la plupart, peuvent-ils tenir ? Comment ne pas sombrer, parfois, dans le découragement, dans l'envie de rentrer à la maison ?... C'est comme cela que Maurice Germain PÉROLS a craqué : "Le 26 septembre dans les bois des côtes de Saint-Rémi, alors que mon régiment battait en retraite, je me suis trouvé légèrement attardé, j'ai eu un moment de grand découragement. Je ne sais pas ce qui m'a pris et je me suis tiré un coup de feu sur le pied. Je regrette profondément ce que j'ai fait. Je me suis jusqu'à présent toujours très bien conduit dans les différents combats auxquels j'ai pris part et je voudrais retourner au feu."

Gaston MILIAN, le médecin qui a examiné MAURICE, dit : "avoir constaté une plaie très légère du bord libre du premier espace interosseux du pied droit". Maurice lui aurait confié "J'étais éreinté, je me suis tiré un coup de feu pour me reposer".

Maurice ne nie donc pas les faits ! Traduit devant le Conseil de Guerre de la 12ème Division d'Infanterie le 8 octobre 1914 pour "abandon de poste en présence de l'ennemi". Conformément à l'article 213 du Code de Justice Militaire, il est condamné à mort par 3 voix contre 2.

Maurice Germain PÉROLS est présenté devant le peloton d'exécution le 10 octobre 1914, à 5h45, à Rupt-en-Woëvre, dans la Meuse.

Je suis allée dans la région des Eparges… en voiture ! J'ai gravi cette crête : en chaussures de randonnées et pantacourt, légèrement chargée ! Je peux vous dire que j'ai pensé à eux, eux ces soldats qui ont combattu, lourdement vêtus, lourdement chargés, fatigués, épuisés par des jours de marche, des kilomètres et des kilomètres… Alors, condamné par 3 voix contre 2 signifie bien qu'il y avait – peut-être encore – un peu d'humanité parmi les membres du jury…


[1] Village détruit

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