Généathème : L'patois du S'dan …
Petite, dans l'Ardennais, le journal que lisait notre père, j'aimais une rubrique plus que les autres : celle de Salut Nénesse !...
Cet article était écrit en patois et cela m'amusait beaucoup. Non pas que nous soyons originaires de Sedan ou des Ardennes, mais nous y habitions, nous y avons vécu notre adolescence… Donc, cela m'amusait ! Pour moi, c'était une langue comme le latin que j'apprenais à l'école : elle n'était pas parlée dans la rue, du moins, par les gens que je connaissais, mais elle avait un vécu ! C'était encore mieux que d'apprendre l'anglais ou l'allemand !...
Une expression que j'aime : "se ramoyier la gonnelle dans la Meuse" ou, si vous préferez : "se casser la figure dans la Meuse" !
J'ai acquis, en 1974, une réédition de "L'patois du S'dan" publié une première fois en 1964. C'est Jean LECAILLON qui a réalisé ce glossaire. J'y retrouve quelques expressions que j'utilisais et qui me font encore sourire en les lisant, d'autant que j'entends l'accent…
M. LECAILLON rappelle aussi quelques prénoms oubliés : Poncette, Célina, Exaltine, Vitaline, Rosine, Adéline… Certains peuvent être encore d'actualité mais je ne m'imagine pas avec comme prénoms : Exaltine et/ou Vitaline…
Une petite histoire
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"Bondjiou, Poncette,
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Bondjiou, Batisse,
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T'es djà l'veye ?
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Oh ! gn'est mi long ta !
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Qu'est-ce qu'on fait à noue ?
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Mi grand' tchiose, d'jirai p'tèt au bo.
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V'nez pas peuye d'la puve ? L'ta n'est mi biau…
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Les alondes volant bas, c'est p'tèt du l'oradge, y paurot ben tourneye t'à l'heur'…
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Et vous, v'n'alleye mi aux canadas à noue ?
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Non, djé aut' tchiose à faire, dju vas alley ragugie ma faulx pour alleye fautchie eun' botte pou la vatche.
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C'est coum' mi, faut qu'dju feye eun' cabouleye pou l'coutchon !"
La traduction
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"Bonjour Poncette,
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Bonjour Baptiste,
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Tu es déjà levée ?
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Oh ! Y a longtemps !
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Qu'est-ce que tu fais.
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Moi, pas grand'chose, j'irais peut-être au bois.
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Vous n'avez pas peur qu'il pleuve ? Le temps n'est pas bien beau…
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Les hirondelles volent bas, cela pourra peut-être tourner à l'orage tout à l'heure…
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Et vous, vous n'allez pas aux pommes de terre ?
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Non, j'ai autre chose à faire : je dois aller affutée ma faux pour faucher une botte pour la vache,
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C'est comme moi, il faut que je fasse la pâtée pour le cochon !"
Le patois c'est un patrimoine ! Cela nous rappelle que la France n'a pas toujours été la France… Chaque province, chaque région, avait son propre parler. C'était l'identité de chacun !...
C'est amusant à lire, mais c'est encore plus amusant et tendre à écouter… C'est comme le parler Picard : il me fait toujours chaud au cœur…