Challenge Upro-G : une action de bravoure…
Une action de bravoure est une action mettant en avant le courage d'une personne dans diverses occasions parfois, souvent, au péril de sa propre vie…
Certaines de ces actions sont mises en avant dans les journaux mais plus pour "remplir" la page que par volonté propre de mettre en avant la personne valeureuse. Et puis, certaines périodes sont propices à la publication de ce genre d'article, d'autres non : par exemple, en période de guerre.
Monique France JULLIOTTE naît à Paris, dans le 18ème, le 8 août 1918 [le chiffre 8 a dû lui porter bonheur] et réside avec ses parents, chez ses grands-parents maternels, à Thomery en 1937. Son père, Bernard Gabriel Maurice Paul est ingénieur à l'Usine Schneider de Champagne-sur-Seine, commune toute proche, et sa mère, Madeleine Camille PRUNEAU est artiste peintre.
La maison d'habitation est située au 33 de la rue Sadi Carnot, à quelques de mètres de la Seine. La mère de Monique, peintre, devait avoir l'habitude d'être sur les bords du fleuve pour s'adonner à sa passion. De là à sauver des vies… C'est ainsi que le 26 juillet 1937, Madeleine saute à l'eau tout habillée pour sauver deux fillettes en danger. Sous le poids des vêtements mouillés, la tâche est difficile et met sa propre vie en danger. Sa fille, Monique, qui entend les cris des enfants apeurées, saute aussi à l'eau et peut ainsi sauver sa propre mère et les deux fillettes.
L'article paraît dans les journaux. Si l'article du journal "Ce soir" est relativement détaillé, celui de "L'écho de Sélestat" est plus précis.
"Une jeune fille de 18 ans, 3 fois chevalier de la vie. Paris, le 29 juillet – A Thomery, département de Seine-et-Marne, une jeune fille de 18 ans, Monique Juliotte a sauvé trois personnes de la Seine. Deux fillettes de huit ans et environ douze ans, qui n'ont pu ne savaient pas nager, s'étaient aventurées trop loin dans le fleuve et menaçaient de se noyer. Mme Juliotte, qui se trouvait sur le rivage, s'est jetée à l'eau pour les sauver, mais ses forces l'ont abandonnée et elle menaçait aussi de se noyer, lorsque sa fille Monique s'est précipitée pour l'aider. Elle a réussi à sauver sa mère et les deux fillettes bien qu'elle fût entièrement habillée."
Pour ce fait exemplaire, le maire de la commune de Thomery a demandé au Préfet à ce que Monique France JULLIOTTE soit récompensé pour cet acte de bravoure. C'est ainsi, qu'en 1937, elle s'est vu remettre la Médaille de Bronze pour acte de Courage et de Sauvetage, décoration ministérielle.
Deux années plus tard, le dimanche 6 août 1939, toujours sur les bords de Seine à Thomery, Monique va sauver M. Roger MONGEON de la noyade. Le Maire fait une nouvelle demande au Préfet du département mais la situation nationale est totalement différente. La Seconde Guerre Mondiale couve, le pays ne pense qu'à la progression de l'Allemagne qui a annexé l'Autriche et certains territoires Tchèques l'année précédente. Jusqu'où va aller cette envie d'agrandissement de ce pays ? Celui contre qui la France, une partie de l'Europe, a déjà été en guerre quelques vingt années auparavant…
Alors, lorsque le maire de Thomery s'adresse au Préfet de Seine-et-Marne le 7 août 1939 pour demander à ce que Monique JULLIOTTE soit de nouveau récompensée pour son acte de sauvetage, il est naturel de penser qu'il n'a pas de réponse automatique. Pourtant, le 25 août suivant, il réitère sa demande auprès du Préfet en rappelant bien que Monique a déjà reçu une récompense et qu'il serait bon de donner suite.
Ce même jour, 9 août 1939, le Préfet adresse un courrier à Monique, dans lequel il indique qu'il va faire suivre la demande auprès du Ministère de l'Intérieur.
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne entre en guerre contre la Pologne et… La demande de décoration tombe dans les oubliettes. Mais, c'est sans compter sur la ténacité du maire qui relance le Préfet le 25 juillet 1940 en insistant sur le fait qu'aucune suite n'a été donnée.
Le 18 novembre 1941, le Préfet adresse une demande – est-ce la première ? – à la Direction du Personnel, du Matériel et de la Comptabilité sous les ordres du Ministre, Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Pierre PUCHEU, en place depuis le mois de juillet.
Le dossier des archives ne donne pas d'autres documents nous informant si Monique France JULLIOTTE a reçu, ou non, la médaille d'argent pour acte de Courage et de Sauvetage. Aucun autre sauvetage signalé…
L'insistance du maire, René SALOMON, est-elle en rapport avec l'Ordre de la Légion d'Honneur ? Peut-être… En effet, il est lui-même Chevalier de la légion d'Honneur et le père et le grand-père paternel de Monique le sont également…
Je ne sais si aujourd'hui le Ministère de l'Intérieur reçoit souvent de telles demandes mais, si tel est le cas, j'espère que les réponses sont plus rapides…