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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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20 mars 2022

Challenge Upro-G : un prêtre réfractaire…

Les décrets qui créèrent les prêtres réfractaires…

Le décret du 27 novembre 1790 dit que les prêtres refusant de prêter serment est un délit puni par la loi : privation de postes d'exercice du culte et diminution des traitements. Cela ne suffit pas aux membres de l'Assemblée Constituante.

cartes de France 1790

Depuis la mi-octobre 1791, le roi Louis XVI est tiraillé entre deux clans d'une part, les catholiques qui prient et espèrent que le roi ne prendra plus aucune sanction contre eux et d'autre part, les Jacobins qui veulent anéantir la religion catholique.

Dans de nombreux clubs jacobins on déclare que "la sanction du peuple suppléera à la sanction du roi, et que le vœu d'un seul homme doit être compté pour rien, lorsqu'il est contraire à celui du peuple". La séance de l'Assemblée du dimanche 11 novembre 1791 est consacrée à une parade scandaleuse : des députés de quinze ou seize sections paraissent successivement à la barre pour "y vomir les plus violentes déclamations, et contre la religion, et contre l'autorité royale, et même, contre la constitution." Chaque blasphème est accueilli avec enthousiasme : plus l'orateur se montre irréligieux et républicain, plus il est applaudi.

Les législateurs décrètent, à la fin de la séance, de faire imprimé le procès-verbal de la réunion et de l'envoyer dans toutes les municipalités du royaume.

De plus, l'article 16 du décret du 16 novembre, invite et encourage la promesse de récompenser tous les écrivains patriotes qui, par leurs écrits, dirigeraient l'opinion publique en faveur des lois nouvelles.

Malgré toutes ces manœuvres, le roi Louis XVI n'est pas ébranlé et mets son veto et paralyse ce fameux décret "que la haine seule de la religion a dicté". Cela devrait suffire et aux partisans de l'ancienne constitution et à ceux de la nouvelle en temps apaisé. Ce qui n'est pas le cas. Les auteurs du décret et leurs partisans reviendront à  la charge. Le roi ne peut être favorable à un édit de persécution.

Que dit, entre autres, ce décret ?

  1. La privation de toute espèce de traitement ou pension, seule la fortune de la plupart d'entre eux, et, par conséquent, la confiscation de tous leurs biens au profit de la nation. [peine que le code pénal ne prononce pas contre les plus grands crimes]
  2. Les religieux sont déclarés suspect de révolte contre la loi. Les plus grands ennemis de la patrie.
  3. Les prêtres non assermentés doivent être éloignés et emprisonnés.
  4. La liste des prêtres non assermentés doit être imprimée et affichée dans les départements, les districts et les municipalités.
  5. L'exercice du culte leur est totalement interdit.

Les prêtres non assermentés, estimés à une cinquantaine de mille sont réduits, au nom de la loi, à ne plus avoir de revenus, de domiciles, à être diffamés, arrêtés…

Le 25 novembre 1791, sur la proposition de M. ALBITE, il est décrété "que les citoyens attachés à un culte différent de celui qui est salarié par la nation, pourra acheter les églises et les oratoires nationaux, pour exercer, publiquement, ce culte, sous la surveillance de la police et de l'administration." Les prêtres sont soulagés : le culte pourra être exercé à titre privé ! Mais, le 29 novembre 1791 un nouveau décret déclare que "seul le serment pourra ouvrir les portes de ces lieux de culte."

Désormais, soit le prêtre prête serment de servir la République, soit il est hors la loi et emprisonné. Beaucoup vont donc fuir la France, leur patrie. C'est ainsi que Charles SAINT-PEZ est devenu prêtre réfractaire à la Révolution.

SAINT-PEZ Charles - Baptême

Charles SAINT-PEZ naît le 19 juin 1749 à Roz-Landrieux, fils de Jacques SAINT-PÉS de LANGLE et Françoise PEAN. Il a acquis l'estime et l'affection de son évêque, M. de HERCÉ, par sa piété et son zèle dans les retraites et les missions. La paroisse d'Aucaleuc étant venue à vaquer, l'évêque de Dol y nomme l'ardent apôtre, qui donnera l'exemple de toutes les vertus chrétiennes. A la Révolution, d'une famille respectable de laboureurs, Charles SAINT-PEZ est donc le recteur d'Aucaleuc.

Sur son refus de prêter serment à la Constitution civile, il est obligé de quitter ses paroissiens et part en Angleterre. Après un séjour de quelques mois à Jersey, il croit bon de revenir en France afin de travailler encore au culte. Il reprend la mer et vient se fixer à Roz-Landrieux, sa paroisse natale. Sa vie est celle d'un apôtre sans cesse occupé du bien spirituel de ses compatriotes leur rendant tous les services en son pouvoir par l'exercice du saint ministère.

C'est au retour de l'abbaye près de Dol, où il avait administrer un malade, le 28 avril 1794, qu'il se fait arrêter avec le jeune homme qui l'accompagne, au four de Carfantain. Des gardes nationaux et des soldats les conduisent en prison, tout d'abord à Dol, puis à Saint-Malo pour y être jugé par une commission militaire. Dans sa nouvelle prison, le prêtre Charles ne cesse de ramener plusieurs détenus à la foi. Mais, la loi reste la loi et il est jugé et condamné à mort le 13 mai au titre de "prêtre réfractaire". Le bourreau, homme atroce, alors qu'il devait faire les apprêts du supplicié, ne se contente pas seulement de lui couper les cheveux, il lui coupe aussi les deux oreilles, le laissant ensanglanté. Le prêtre ne dit pas un mot et suit les deux gendarmes qui l'encadrent et l'emmènent à l'échafaud. Charles SAINT-PEZ ne semble occupé que par la religion, il prie et pense déjà au ciel. Au pied de l'escalier, il déclare "Je n'ai pas besoin que l'on m'aide, je monte seul à l'autel !". Le bourreau continue de le persécuter en le liant sur la planche, n'hésite pas à lui donner des coups. Mais le pire n'est pas encore arrivé… Soit par maladresse, soit par raffinement de cruauté, le bourreau va couper la tête de notre malheureux prêtre en plusieurs fois : trois pour être précise ! La troisième a dû être la dernière car la population rassemblée est indignée et un militaire crie, le sabre à la main "Scélérat, si tu n'achèves pas, je te plonge mon sabre dans le corps !"

Longtemps, dans sa paroisse, les catholiques l'ont invoqué dans leurs prières…

Aucune révolution, aucune guerre n'est propre, ni belle ! Les idéaux bafouent, pour certains, toutes règles de respect des êtres humains. La France n'a pas échappé à ces démonstrations d'atrocités, d'autres pays l'ont fait, d'autres le font, d'autres encore le feront !...

Source 1 – "Apologie du veto apposé par le roi au décret des 16 et 29 novembre 1791" – Gallica

Source 2 – "Le diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire" - Gallica

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