Challenge AZ : H comme… Hypothèques
Lorsque l'emprunteur n'a pas d'autre solution…
Le 31 mai 1821, à Chavonne, dans l'Aisne, Jean Antoine LEQUEUSTRE décède laissant sa veuve, Marie Elisabeth PASCHAL / PASCAL, avec au moins trois enfants en bas âge :
- Marie Elisabeth, 11 ans,
- Pierre Guillaume Maxime, 8 ans,
- Auguste, 7 ans.
Vigneronne, n'ayant plus que ses propres revenus pour subsister, elle est obligée d'emprunter de l'argent à Laurent DELIZEUX, aubergiste et commissionnaire de vins. Ce dernier n'est autre que son beau-frère : il a épousé, en premières noces, la sœur de Jean Antoine LEQUEUSTRE, le défunt mari de Marie Elisabeth.
Elle signe donc une reconnaissance de dettes – une "obligation", le 30 mai 1826, devant Maître HOUSSARD, notaire à Vailly-sur-Aisne, le chef-lieu de canton.
A quelle date devait-elle rembourser ? Les archives de Vailly ayant disparu au cours de la Première Guerre Mondiale, il est impossible de le savoir. Mais, ce qui est certain, c'est que le 14 août de la même année 1826, Laurent DELIZEUX mandate Maître HOUSSARD de requérir à une hypothèque des biens de sa "belle-sœur".
Marie Elisabeth, propriétaire de quelques terres, accepte, bien évidemment ! Sont donc hypothéqués 1 hectare et 94 ares réunissant 30 pièces de terres, vignes, prés et bois. Elle garantit ainsi le règlement en deux fois de la somme de 708 francs, montant de l'obligation. Le premier règlement doit avoir lieu le 25 décembre 1827 et l'autre à la même date, l'année suivante.
Tout remboursement de dettes est soumis à un intérêt, 5 % par année, et les frais de notaire, 80 francs.
Après un rapide calcul, l'emprunt de 708 francs, une fois remboursé le 25 décembre 1828, aurait réellement coûté 841,10 francs. Mais Marie Elisabeth PASCHAL sait compter… Elle rembourse la somme totale le 27 novembre 1826. L'inscription à l'hypothèque est radiée à la même date par présentation d'un acte de Maître HOUSSARD indiquant le remboursement réel de la dette.
Marie Elisabeth PASCAL décède le 22 septembre 1827 ne laissant aucune dette à ses enfants !
Les banques n'étaient pas pour les "petites gens" ! Ces derniers empruntaient au plus riche, de la famille ou du village… Mais, même en famille, une dette reste une dette !...