Il y a des jours où…

Nous devons prendre conscience de ce qu'est la vie, notre vie…

A chaque décès d'un parent, d'un être cher, je pends conscience que le temps avance, que la montre du lapin blanc fait toujours tic-tac mais qu'elle ne me préviendra pas lorsque cela s'arrêtera ! Que puis-je y faire ? Rien, absolument rien !

J'ai toujours été persuadée que mon temps sur la terre était déjà compté et arrêté, que la montre sait ! Pour autant, je n'ai jamais mis à profit cette conviction. Mais, un décès, puis l'année Covid-19 et un autre décès, enfin, ce troisième décès… Là, je me dis qu'l faut que j'agisse, que je réagisse : comment ?

En cherchant les membres de ma famille qui m'étaient chers et qui se sont éloignés avec le temps. C'est chose faite ! Grâce à un malentendu, mais un malentendu qui devait être. Je recherchais mon parrain, un DEVILLERS. Ma mémoire m'a dit qu'il avait eu un fils, Régis, né la même année que moi et habitant Nice. Je me lance, telle un fin limier, sur la piste de ce Régis. Grand merci à Facebook^TM qui m'a permis de le trouver ! Ce Régis est bien un des fils de mon parrain, sauf que : il n'est pas de la même année que moi et n'a jamais habité Nice !... Si si, je vous assure. Ma mémoire a transformé les informations réelles : un Régis, né en 1956, habitant Nice, était un MENOT, pas un DEVILLERS. Ce n'est absolument pas grave : j'ai retrouvé mon parrain et je ne vais pas le quitter.

En montrant aux membres de ma famille encore en vie combien je les aime, combien je veux être là pour eux, à chaque moment de ma vie, à chaque moment de la leur. Je ne veux pas empiéter sur leur vie : simplement être à l'écoute dès qu'ils en ressentent le besoin. De nos jours, les kilomètres ne sont rien : le téléphone, la visio via internet, tout est possible pour se voir, pour se parler ! Il manque, bien sûr, le contact physique, mais je sais bien que Covid-19 ne va pas nous bloquer encore longtemps. Cette maladie fera partie de la vie et nous pourrons poursuivre notre chemin…

En répondant "présente" à toutes les personnes qui m'appelleront pour avoir des nouvelles, pour s'épancher, pour avoir besoin d'aide dans la profession de généalogiste ou dans la vie privée. Bref, il faut, avant et toujours, vivre et avancer !

Aujourd'hui, je comprends mieux nos anciens lorsqu'ils désirent quelque chose "tout de suite". Cinq minutes lorsque nous avançons dans l'âge ne correspondent plusaux mêmes cinq minutes que lorsque nous avions 20 ans. Je comprends mieux aussi lorsqu'ils nous rabâchent leurs souvenirs : ils pensent que leur passé est bien plus long que leur avenir, même si, pour certains, ce dernier est encore long. Mais, aussi, je me dis qu'il faut les interroger au maximum de ce que nous pouvons car LEUR savoir est un des savoirs du monde. LEURS souvenirs, même s'ils sont déformés avec le temps, sont ceux de LEUR famille, de NOTRE famille.

Les recherches généalogiques restent des recherches de documents papiers qui prouvent tout ce que nous pouvons raconter, qui permettent de remettre une vérité là où l'histoire racontée a été transformée. Mais les souvenirs familiaux oraux ne pourront jamais remplacés ces informations : ils les complètent. L'oncle Charles qui avait si mauvais caractère, la tante Rose qui avait du poil au menton, que sais-je encore de détails qui rendent nos ancêtres "vivants".

Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, sur les blogs de généalogie, il n'est question que de recherches ADN. Mais à quoi cela peut servir de savoir que Tartentpion qui habite en Argentine est mon cousin si je ne sais pas que mon arrière-grand-oncle était un parfait musicien guitariste ?... Ce dernier détail me permet de comprendre pourquoi mon grand oncle était, tout d'abord violoniste, ensuite guitariste virtuose et, pourquoi aujourd'hui j'ai deux neveux musiciens… L'ADN est là, bien là dans nos veines pas besoin de faire faire des analyses par des sites de généalogie…

Je n'écris pas qu'il ne faille pas faire de recherches ADN – je l'ai fait – je dis que j'aimerais plus lire, ça et là, des invitations à faire parler nos anciens, à enregistrer les dires de nos anciens – sur support audible ou par écrit. C'est en nos anciens que nous puisons nos origines.

Et là, je prends un coup au moral. En effet, je constate que je suis désormais "l'ancienne" de notre branche MENOT. Il reste bien encore ma tante mais elle est touchée par la maladie d'Alzheimer. Alors, pour raconter la vie de famille… Et je constate encore que je n'ai pas tant de chose à raconter à mes enfants et petits-enfants. Je ne peux leur donner que des souvenirs au travers de documents que je peux trouver et… en fouillant au fin fond de ma mémoire les souvenirs qui y sont enfouis ! Est-ce que d'avancer dans l'âge va me permettre de plonger encore plus profondément dans les abymes de mes souvenirs ? Si c'est le cas, je devrais vite les écrire, les raconter, pour qu'encore et toujours l'histoire de ma famille se poursuive !

La question principale est "Est-ce que la montre du lapin blanc va me laisser le temps ?" J'y réponds en me disant que je dois poursuivre ce que je fais avec autant d'ardeur que jusqu'à présent et que ce que je n'aurai pu faire, écrire ou dire, sera cherché, un jour peut-être, par un de mes descendants…

Les écrits parviennent jusqu'à nous plus facilement que les oraux, alors : à vos stylos, à vos claviers, tic-tac, tic-tac, …

Comments

[Antequam]

Merci...

[cpgenea]

Tout cela est bien vrai. Renouer avec des "anciens" quand l'histoire familiale a créé la perte de communication n'est pas chose aisée.

Heureusement quelques cousines sont là pour faire le lien.

Profitons-en.