ChallengeAZ : L comme… LATTE Alfred René
Je poursuis sur la lancée de l'article d'hier et je retourne à Moissy-Cramayel… J'aime ce challenge qui me fait travailler sur des communes que je connais et j'affectionne ainsi que sur des très lointains cousins !...
Les cousins moisséens sont comme moi pas toujours nés dans la commune mais y ont résidé d'une manière ou d'une autre et, pour certains, la descendance y a fait souche. C'est le cas du soldat d'aujourd'hui… [N'oublions pas que je parle, dans ce ChallengeAZ, d'hommes étant principalement de la classe 1868, en Seine-et-Marne, hommes qui auraient participé à la Guerre de 1870-1871]
Alfred René Latte naît le 12 mai 1848 à Vincy-Manoeuvre. Il est fils de Louis René, 35 ans, jardinier, et Ismérie Aglaé MAREST, 33 ans, manouvrière. Il est le cinquième d'une fratrie de sept enfants :
- Rosine Julie, née le 22 novembre 1835 à Vincy-Manœuvre,
- Aglaé Rosine, née le 18 avril 1840, à Lizy-sur-Ourcq,
- Louis Octave, né le 8 juin 1842 et décédé le 3 juillet 1845 à Vincy-Manœuvre,
- Léonise Lucile, née le 12 février 1844 et décédée le 26 avril 1845, à Vincy-Manœuvre,
- Virginie Philomène, née le 24 septembre 1851 à Montereau-sur-le-Jard,
- Marie Arménie, née le 14 octobre 1857 et décédée le 4 août 1859 à Moissy-Cramayel.
La profession du père doit être la raison de tous ces déplacements familiaux : il allait où se trouvait le travail, chez les maraîchers de la région.
Alfred René est donc le seul fils de la famille. Il part à l'armée, il ne se dérobe pas ! Il s'engage, le 12 novembre 1867, pour sept ans et au titre du 3ème Régiment du Génie, à la mairie de Melun. Il rejoint son régiment dans les légaux. Le régiment, de 1868 à 1880 tient les garnisons suivantes : Metz, Montpellier, Arras puis Lyon. La Guerre de 1870-1871 fait repartir le régiment défendre les frontières à Arras. Avec l'armée, Alfred René a gardé le goût du déplacement… [Lire l'historique du 3ème Régiment du Génie aujourd'hui installé à Charleville-Mézières]
Il quitte l'armée et part – ou reste – s'installer à Besançon où il exerce la profession de son père : jardinier ! Dans cette ville, le 29 mai 1880, il épouse Victorine Euphémie MONNIOT, 36 ans, jardinière. Le mariage sera très court car Alfred René LATTE décède le 3 décembre 1880 à l'Hospice civil de Besançon.
Le dossier militaire d'Alfred René LATTE permet de très bien comprendre les problèmes que le gouvernement a eu pour mobiliser les troupes au moment de la Guerre de 1870-1871. J'explique : à l'âge de 20 ans d'Alfred, les parents résident à Moissy-Cramayel et dépendent donc du canton de Brie-Comte-Robert. Comme je l'ai écrit plus haut, Alfred René s'étant engagé en 1867, ne se présente pas au Conseil de révision avec sa classe. L'armée ne mollit pas et il est condamné à 3 ans d'emprisonnement pour désertion à l'extérieur en temps de paix par le 2ème Conseil de Guerre de la 1ère Région de Corps d'Armée le 29 novembre 1869. Par la loi du 16 mars 1880 – parue au J.O. le 23 mars de la même année – Alfred René est amnistié de sa peine. Mon étonnement est qu'il soit amnistié alors qu'il n'aurait pas dû être condamné !
Bizarrement, sa fiche indique qu'il est passé dans la subdivision de Besançon à la même date par suite de changement de domicile. Il est à penser que, devant se marier, Alfred René a demandé un état de sa situation militaire à remettre au maire de la commune de Besançon et que toute la suite s'est enchaînée. J'imagine "Comment, il ose demander sa situation militaire ?... Il est vraiment veinard ce jeune … par la loi du 16 mars il va être amnistié de sa peine de prison…" Il y a bien dû y avoir encore d'autres commentaires des militaires du commandement. Mais l'erreur ne vient pas du "jeune homme" mais bien de l'administration…
Des désertions, il y en a eu à la pelle au moment de la Guerre de 1870-1871. Les autorités ont peiné à retrouver leurs soldats – la preuve le dossier d'Alfred René LATTE. C'est ainsi que sont apparues les fiches matricules avec obligation pour le conscrit de signaler tous ses changements de domiciles.
Il est difficile de dire que, si la mobilisation avait été correctement réalisée, l'issue de la Guerre de 1870-1871 aurait été différente ! Cela aurait tout de même aidé à ne pas perdre si fortement…