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Antequam... la généalogie !
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Antequam... la généalogie !
  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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22 mars 2020

Projet #52 : Prêt au départ…

Chute du Mur, 1989 (c) C. MENOT

Non, pour ce départ-là, je n'étais pas prête !...

Jeudi 9 novembre 1989, 19h00, je quitte mon travail pour rentrer à la maison. RFI – Radio France Internationale – diffuse quelques informations. Certes, ces derniers jours, la tension monte du côté des pays de l'Est. A Dresde, à environ 300 km au sud, les gens sont descendus dans la rue, tout comme à Leipzig… Le Président Soviétique Michaïl GORBATCHOV entend bien cette colère qui gronde, qui monte. Mais, personne n'attend de nouvelle explosive. Et pourtant !...

Arrivée à la maison, le train train quotidien : vérifier que les devoirs ont été faits, envoyer les enfants chacun leur tour au bain, puis passer à table et coucher tout le monde. Ensuite, soirée tranquille devant un film de Canal+ (grâce à la parabole motorisée, nous avons accès à de nombreuses chaînes, dont les françaises).

Vendredi 10 novembre 1989, 5h30, dans la navette qui m'emmène à notre travail, nous sommes tous surpris, étonnés. RFI annonce que le Mur, notre Mur, est tombé dans la nuit ! Quel coup nous recevons ! Nous habitons là, sur place, et nous n'avons rien préssenti !... Bon, il nous faut travailler : mais nous ne quittons pas la fréquence radio !

Le soir, les enfants sont couchés : les grands, ados, surveilleront les petits. Et nous partons : direction le Checkpoint Charlie. Ce lieu installé avec des chicanes telles qu'il faut vraiment rouler au ralenti pour passer. Mais ça, c'était avant ! Il est 21h00, pas un chat ! Pas une chicane ! Un crieur de journaux me distribue un exemplaire du Zeitung imprimé dans la journée. Nous nous regardons et ne comprenons pas qu'il y ait si peu de voiture et si peu de gens : où sont les allemands de l'Est ?...

Direction le secteur Français, à l'estrade Kennedy. Cette estrade, surplombant le mur, depuis laquelle le Président américain avait clamé "Ich bin ein Berliner !". Cela perdure cette phrase car Berliner a deux sens : l'habitant de Berlin et un beignet fourré. Et bien là, ce soir, c'est la liesse. Nous sommes tous là à attendre car des machines essaient d'ouvrir le mur. Sauf que c'est très difficile. Il est fait de blocs de béton scellés côte à côte depuis tant d'années. Il a été construit avec les moyens du bord, au début. C'est-à-dire que par endroit ils ont bloqué toutes les issues des bâtiments avec du béton, encore du béton, toujours du béton ! Le temps passe, il est déjà 3 heures du matin ce 11 novembre 1989. Pour une fois, nous les Français, sommes loin de penser à fêter l'Armmistice. Nous ne pensons qu'à ce que nous vivons, qu'à ce moment présent incroyable !

Comme les travaux de démolition n'avancent pas, nous partons à la Porte de Brandenburg. A cet endroit, le mur est particuliers : il est très large et sur le dessus est un "chemin". Pour éviter que la foule enjambe ce mur, les soldats de l’Est ont pris position et nous empêchent d'avoir ne serait-ce que l'idée… Mais, de chaque côté, les gens "attaquent" ce mur, essaient de le casser eux-mêmes…

Revenons à la foule : où sont passés les Allemands de l'Est ? Ils sont "entrés" dans Berlin-Ouest. Ils sont sur le Ku-Damm – Kurfürstendamm, plus long et plus large que nos Chams-Elysées, ils font la fête, ils ouvrent leurs yeux tout grands et… ils dévalisent les boutiques. Oui, cela semble incroyable mais pour eux c'est le Paradis ! Ils peuvent entrer tous en même temps, ils ont le choix…

Il faut attendre une semaine pour que le Mur tombe à Brandenburg. Il faut une semaine pour que les camions des châines de télévision quittent la zone. Il faut une semaine pour que cela rentre "à peu près" dans l'ordre. Mais quel chamboulement ! Les Allemands de l'Est comprennent qu'ils vont avoir la liberté, mais que cette liberté elle a un coût ! Les Berlinois comprennent que leur vie bascule, que les avantages, dont ils bénéficiaient pour vivre ici, allaient disparaître. Ils n'ont pas tous été ravis de cet évènement ! Ni d'un côté, ni de l'autre !

Et moi me direz-vous ? Après avoir été partout pour prendre des photos, pour casser et ramasser nombre de morceaux de béton avec couleur, j'ai dû me rendre à l'évidence : j'allais devoir tout quitter ! Mon travail ne me permettait plus de rester. Et là, mon cœur s'est mis à saigner. Il est autant Allemand que Français. Je suis née en Allemagne, j'ai rejoint l'Allemagne après l'école, j'y suis heureuse. Pourquoi devrais-je partir ? Pourquoi ?

Parce que ce Mur devait tomber, un jour ou l'autre. Parce que les deux Allemagnes ne devaient en faire qu'une, comme avant. Parce que la Paix est bien mieux que la guerre. Mais, moi, moi, qu'allais-je devenir ? La vie, la vie se poursuit et il faut avancer. J'ai eu le temps pour m'habituer : cinq années… Mais je n'arrivais pas à m'imaginer que j'allais rentrer en France et laisser mon cœur ici… Mais si, j'y suis arrivée : déménagement, inscription des enfants au Lycée, au Collège, à l'école de Moissy-Cramayel. Nous sommes rentrés dans notre maison, dans la ville que nous avions choisie en France.

J'ai pleuré, beaucoup pleuré, mais tout à une fin !...

J'avais prévu de retourner à Berlin cet été. 31 longues années sont passées ! Les évènements, encore les évènements, font que ce sera sûrement l'an prochain…

Mayvka - Berlin, le Mur

Berlin, L'arrivée des Français, 1945 Les femmes balaient les pistes pour que les avions puissent atterrir Le Gouvernement Militaire Français Les prémices de la Base Aérienne de Tegel Berlin, La construction du Mur, 13 août 1961 Montage d'une partie, Bernauerstrasse, secteur Français Obstruction d'une fenêtre , Bernauerstrasse Démolition, Bernauerstrasse Affichage officiel de Fin de Secteur Blocage des rues sous surveillances Surveillance...

http://www.mayvka.fr

 

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Commentaires
M
Je me souviens trés précisément de cet évènement, je l'ai suivi depuis ma chambre d'hôpital oú j'avais été opérée d'une hernie discale.
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