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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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14 novembre 2018

Challenge AZ : LACHÉRADE Sylvain Jules, fusillé de la Première Guerre Mondiale…

Les fusillés de la Première Guerre Mondiale ne sont pas tous des criminels mais le Code de Justice Militaire en vigueur est rigoureux et le temps de guerre ne permet pas la "tolérance" de la part des autorités en présence…

LACHERADE Silvain Jules - Jugement

Sylvain Jules LACHÉRADE naît le 19 octobre 1888 à Saint-Léger-le-Guérétois, dans la Creuse. Il est fils de Jean, quarante-huit ans, journalier, et Jeanne BODAUD, trente-huit ans, journalière. Il est le dernier d'une fratrie de cinq enfants, tous nés à Saint-Sulpice-le-Guérétois, dans la Creuse :

  • Jean, le 29 décembre 1876,
  • Hélène, le 24 octobre 1878,
  • Marie, le 25 septembre 1881,
  • Joseph Louis, le 26 avril 1885.

Sa mère, Jeanne BODAUD, décède le 27 mai 1892. Les cinq enfants sont mineurs, il y a donc eu un jugement de tutelle… Sylvain Jules assiste aux mariages de ses frères et sœur :

  • Jean, le 14 janvier 1899, épouse Augustine Marie Elise FOURNIER, au Grand-Bourg,
  • Marie, le 31 octobre 1903, épouse Emile GUILLEMIN, à Saint-Eloy,
  • Joseph Louis, le 14 février 1910, épouse Lucie BATAILLER, à Guéret.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le père, Jean, est présent à tous les mariages, sauf que… Sylvain Jules est "Pupille de l'assistance publique" lors de son recensement militaire !... Ce qui n'est pas le cas de ses frères, Jean, de la classe 1896 et Joseph Louis de la classe 1905. Pourquoi, Sylvain Jules a-t-il été placé ? Le père ne pouvait pas assurer l'entretien moral et physique de son plus jeune fils ? Il serait intéressant de lire le jugement de tutelle…

Les différences vont se poursuivre avec la Guerre. En effet, Jean LACHÉRADE, qui a été placé en service auxiliaire pour raison de santé pendant son service est, certes, classé bon pour le service armé par la Commission de Réforme de Guéret, le 9 août 1914. Il rejoint le 91ème Régiment d'Infanterie le 15 janvier 1915 pour rentrer chez lui le 3 mars suivant : il est père de six enfants. Joseph Louis LACHÉRADE fait son service sans problème. Il rejoint le 121ème Régiment d'Infanterie le 4 août 1914. Le 15 septembre suivant, il passe au 91ème et ses problèmes de santé commencent… Il est évacué pour tuberculose pulmonaire le 1er février 1915 par train sanitaire. IL rejoint le régiment le 22 février pour être blessé à Fouquescourt, dans la Somme, le 29 avril suivant. Ce ne sera qu'une suite d'hospitalisation, de convalescence, de re-hospitalisation, suivie d'autre convalescence pour que la Commission de réforme de Limoges le réforme n° 1 le 1er septembre 1916. En fait, c'est une "gueule cassée" : il est mutilé de la face à 65 % ! Ce n'est que le 23 juillet 1921 qu'il recevra une pension de 960 francs avec jouissance du 1er septembre 1920 alors que la blessure date de 1916 !... Joseph Louis décèdera le 29 septembre 1926, laissant une veuve et six enfants.

LACHERADE Silvain Jules - FM

Pendant ce temps-là, Sylvain Jules est rebelle. Il s'engage volontairement le 30 avril 1909, pour une durée de quatre ans et au titre du 21ème Régiment d'Artillerie. Dès le 8 janvier 1910, il va alterner les périodes de désertion avec celles du retour au régiment : chaque année, il déserte. La première fois, il ne reçoit qu'une sanction disciplinaire de la part de son Chef de Corps. Mais, le 1er septembre 1911, le Conseil de Guerre de la 12ème Région le condamne à trois mois d'emprisonnement avec sursis. Le même Conseil, le condamne une nouvelle fois, à un an d'emprisonnement avec révocation du sursis précédent, le 10 mai 1912. Le 8 juin 1912, c'est une peine civile pour escroquerie, peine infligée par le Tribunal correctionnel de Bourganeuf.

Le 7 mai 1913, Sylvain Jules est affecté au 52ème Régiment d'Artillerie de Campagne : nouvelle désertion le 6 juillet suivant ! Il est condamné par le Conseil de Guerre de Limoges à trois ans de prison le 19 décembre. Gracié le 17 mai 1915, il rejoint le 4ème Bataillon d'Infanterie de ligne, il arrive au régiment le 6 juin 1915. Il manque à l'appel le 8 juillet 1915 et est condamné par le Conseil de Guerre de la Divisions des Opérations de Tunisie à sept ans de Travaux publics le 20 octobre 1915. Nouvelle affectation à la SHR le 20 octobre suivant, la peine qu'il encours est suspendue… Il passe au 5ème Bataillon de marche d'Infanterie légère d'Afrique le 15 septembre 1916. Il part en opérations dans le sud Tunisien le 22 octobre 1916 : volontariat ou obligation pour ne pas effectuer les différentes peines qu'il a reçues ?...

 A Déhibat, dans le sud Tunisien, Sylvain Jules LACHÉRADE manque, une fois de plus, à l'appel. Ce sera une fois de trop, nous sommes le 12 décembre 1916 et il est déclaré "déserteur à l'étranger en temps de guerre d'un territoire en état de siège" deux jours plus tard. Il est présenté devant le Conseil de Guerre de Médenine le 22 mai 1917. L'accusation retenue est "Abandon de poste sur un territoire en état de siège et en présence de rebelles". Après six condamnations antérieures, Il comparaît avec Lucien Marius FABRE qui n'en a encouru, antérieurement, que trois. Il ne peut plus y avoir de circonstances atténuantes, il ne peut plus y avoir de concessions : il n'y en que trop eues ! Il est donc condamné à la peine de mort.

Sylvain Jules demande un recours en révision. Sa demande est étudiée par le Conseil de Révision aux Armées du Détachement du Sud-tunisien le 1er juin 1917. La décision semble évidente : le recours est rejeté à l'unanimité !

LACHERADE Silvain Jules - Recours

Le 17 août 1917, à 6 heures du matin, dans le champ de manœuvres de Médenine, en Tunisie, Sylvain Jules LACHÉRADE est présenté devant le peloton d'exécution. Après la lecture du jugement et celle de la décision du Conseil de Révision, le piquet a fait feu et Sylvain Jules est mort directement.

Certaines décisions de Conseils de Guerre peuvent être discutées mais, pour une fois, dans le cas présent, la loi a été correctement appliquée : ce n'est pas faute d'avoir repoussé toutes les échéances à chaque jugement. Mon propos n'étant pas de porter un jugement sur l'attitude du soldat mais plutôt de la nécessité absolue d'appliquer le Code de Justice militaire quelques soient les conditions dans lesquelles ou pour lesquelles le soldat a abandonné son poste…

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