Challenge UPro-G : la foire de Monthéty...

25 mai 2018

Avant d'avoir ouvert l'almanach de Seine-et-Marne de 1818, je n'avais jamais entendu parler de cette foire. Et pourtant !...

Monthéty est une dépendance du domaine des Agneaux, hameau de Ozouer-la-Ferrière (aujourd'hui Ozoir-la-Ferrière), en Seine-et-Marne. Ce hameau est situé à la limite est de la commune, proche de Pontault.

E. MILLAND, instituteur, raconte, dans la monographie de 1888 : "Hardouin de Beaumont de Pèrefine, membre de l'Académie, nommé Archevêque de Paris en 1662, après avoir été précepteur de Louis XIV et évêque de Rodez, voulut procurer quelque avantage au village d'Ozoir-la-Ferrière dont il était devenu le seigneur. En 1668, il obtint des lettres de patentes du roi qui portaient l'établissement, à Ozoir-la-Ferrière, de deux foires par an et d'un marché par semaine. Ces lettres ont été enregistrées au parlement le 3 septembre de la même année. Sur l'opposition des chanoines d'Hiverneau, le parlement avait réglé le 23 juillet 1678 que les deux foires d'Ozoir se tiendraient les deux jours du mois de septembre qui suivraient la tenue de celle de Monthéty. Aujourd'hui, il n'y a que la foire dite de Monthéty qui se tient tous les ans les 9 et 10 septembre dans une terre entourée de bois, laquelle dépend du domaine des Agneaux et est située à 2 km du village". S'il on en croit cet écrit, la foire de Monthéty existait donc déjà avant 1662 ...

En 1818, selon l'almanach du département, la foire de Monthéty était principalement une foire aux bestiaux – chevaux et autres – ainsi que de "toutes sortes de marchandises".

Malheureusement, dans le dossier de la foire de Monthéty – AD77 cote 3EDT2F2 – le document le plus ancien concernant le détail de cette foire est celui de l'année 1898.

Dans un courrier du Préfet adressé au maire, en date du 20 août 1898, il est écrit : "... conformément à votre demande du 13 août courant, j'ai prié M. le Commandant de Gendarmerie de donner les ordres nécessaires pour qu'un poste de gendarmerie soit chargé, comme les années précédentes du maintien de l'ordre pendant la durée de la foire de Monthéty..."

Le 25 août 1898, les habitants de Ozouer sont avisés que l'adjudication des droits d'octroi des animaux, les droits de parcages des voitures attelées, les droits de garage des vélocipèdes et la concession du puits aura lieu le dimanche 28 août à 3 heures du soir. Ledit jour, à l'heure dite, le maire, Eugène Alexis ARLUISON, et MM. Albert GILLES et Ernest SOLLIN, adjoints, se sont rendus sur le champ de foire afin de procéder à cette adjudication amiable. Les tarifs présentés sont ceux délibérés en conseil municipal les 28 août 1886 et 14 août 1894.

Droits d'octroi

pour un cheval O,40 fr
pour une vache 0,25 fr
pour un âne ou un porc 0,20 fr
pour un mouton 0,15 fr
pour une chèvre 0,10 fr

Droits de parcage des voitures attelées

pour une voiture seule 0,25 fr
pour un cheval 1 fr
pour une voiture attelée de 2 chevaux 2,25 frs

Pour l'octroi, M. Jacob BOUCHS soumission pour la somme de 18,75 frs et M. Pierre RUÉ pour celle de 20,95 frs. Pour le parcage des voitures attelées, seul M. Emile MONTEL soumissionne pour la somme de 115,60 frs. Personne ne soumissionne pour le garage des vélocipèdes comme pour la concession du puits.

La foire a aussi son bal... Seuls les jeunes gens et les hommes s'y inscrivent et doivent verser la somme de 5 frs ! Ces hommes seront sûrement accompagnés de leurs épouses ou de leurs promises, quant aux jeunes gens, ils espèrent y rencontrer leur promise...

La foire connut un déclin au cours du 19^ème siècle, mais elle se tenait toujours...

Au début du 20^ème, les différents hôtels-restaurants d'Ozoir ou des environs, demandaient, et obtenaient, l'autorisation de tenir bar et/ou de vendre du vin. Un cirque aussi est venu agrémenter la foire. A ce propos, le forain, M. MARONI, qui avait l'autorisation depuis quelques années déjà, adressa un courrier au maire d'Ozoir en 1902 afin d'attirer son attention sur le fait qu'une troupe se déclarant "théâtre" n'était en fait qu'un cirque avec chevaux et divers animaux. Sans nul doute que M. MARONI avait peur de la concurrence...

Le marché aux bestiaux persista jusqu'en 1930, la fête, quant à elle, tint bon jusque dans les années 1950. C'était la fin de cette foire, belle dame d'au moins 268 ans !

La municipalité essaya, à la fin du 20^ème siècle de relancer la foire : elle eu donc lieu en 1975 et 1976... C'en est terminé aujourd'hui...