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Antequam... la généalogie !
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Antequam... la généalogie !
  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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3 décembre 2016

La grande évasion de Martin…

 

http://www.la-grande-evasion.com/

Nous lisons par ci par là que les soldats insoumis, déserteurs, mutins, … étaient fusillés sans fausse honte par décision "arbitraire" parfois par le commandement militaire. Alors, comment ce soldat-là a-t-il pu passer au travers des mailles terribles du filet militaire ?...

Eu égard à la descendance familiale, même si les documents sont accessibles librement au public, j'appellerai mon soldat Martin. Cependant, il faut un minimum d'état civil : donc, Martin est né en 1894. Cet article est uniquement basé sur des données de fiche matricule !

Martin, vous pourrez le constater, était un dur à cuir. Il a déjà eu quelques condamnations avant d'être appelé pour le service. En 1912, le Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à 8 mois de prison pour "port d'arme prohibée, violences et blessures volontaires à particulier". 1913, le même tribunal lui inflige une peine de à 10 mois de prison pour complicité de vol.

Martin commence mal : il ne se présente pas pour le recensement de sa classe, celle de 1914.  Pas grave : il est tout de même classé bon pour le service avec une mention spéciale… "absent". Sûrement en prison ! Il est tout de même incorporé au 5ème Bataillon d'Infanterie Légère d'Afrique 1er septembre 1914, régiment qu'il rejoint le 20 du même mois. Soldat de 2ème classe, il tient bon jusqu'au Midi du 21 août 1916 où il manque à l'appel. Il est enregistré officiellement déserteur le 24 !

Le 24 janvier 1917, déserteur, Martin et condamné toujours par le même tribunal à 3 ans de prison pour vol et tentative de vol.

Dans sa séance du 2 février 1919, le Conseil de Guerre de la 45ème Division d'Infanterie le condamne à 4 ans de Travaux publics. Le jugement est rendu exécutoire le 8 février à compter du 28 novembre 1916 !...

Martin est arrêté à Trets, dans les Bouches-du-Rhône, le 28 mai 1919. La Guerre, la terrible guerre est finie ! Il est envoyé en prévention de Conseil de Guerre au 3ème Régiment colonial à Rochefort.

Comment peut-il, mais il le peut, être condamné par le Tribunal civil d'Aix à cinq ans de prison et 5 ans d'interdiction de séjour pour vol, port d'armes et violence ?

Il s'évade car il manque à l'appel le 2 janvier 1920 ; déclaré déserteur à compter du 9 du même mois.

Il est arrêté le 11 août 1920, Martin et écroué au pénitencier militaire d'Ain-Beïda, en Algérie. Le Conseil de Guerre de la 45ème Division d'Infanterie, dans sa séance du 11 mars 1921 le condamne à 5 ans de prison pour "désertion à l'intérieur en temps de guerre et en temps de paix. Suite à ce jugement, Martin est transféré à l'atelier de Travaux publics de Bougie, en Algérie, le 24 avril 1921. Il est ensuite d'abord dirigé sur le pénitentiaire d'Aïn-Beida, Algérie, le 4 juin, il rejoint l'Atelier de Travaux Publics de Bougie, le 12 août et reprend le chemin du pénitentiaire le 22 août 1921. C'est à l'occasion de ce transfèrement, entre les gares de Constantine et Sidi-Mabrouk, que Martin en profite pour s'évader une nouvelle fois ! Il est encore porté déserteur le 30 août 1921.

Martin est condamné par le Conseil de Guerre de Constantine à six mois de prison pour "désertion en temps de paix après désertion antérieure".

Alors qu'il est rayé des contrôles de la désertion (?), Martin est arrêté par la Police de Paris, le 1er mars 1922. Une nouvelle condamnation arrive : par jugement contradictoire du Tribunal de la Seine, 4 mois de prison pour "recel et usurpation d'état civil".

Le 1er octobre 1925, Martin est affecté au 4ème Bataillon d'Afrique et se trouve amnistié. Oui, vous lisez bien, amnistié ! Désormais réserviste, Martin est affecté au centre de mobilisation d'infanterie, 52ème Groupe spécial.

Le 9 février 1926, le Tribunal Correctionnel de Fontainebleau, dans un jugement contradictoire, condamne Martin a 2 mois de prison pour tentative d'évasion et bris de prison.

Trois années plus tard, le 29 novembre 1929, le Tribunal de la Seine le condamne à 1 mois de prison pour "infraction à interdiction de séjour".

Le 12 juillet 1937, Martin se trouve à nouveau amnistié pour la peine de six mois prononcée par un Conseil de Guerre !

Le 22 septembre 1937, le Tribunal de Fontainebleau le condamne pour coups et blessures, actes commis le 28 juillet 1937. Martin fait appel auprès de la Cour d'Appel de la Seine le 7 mars 1938.

Le Décret du 1er septembre 1939 le rappelle à l'activité. Quel en est le résultat ? Martin ne rejoint pas son régiment… déserteur ! Cependant, il passe devant la Commission Spéciale de Réforme de Tours, Indre, et est définitivement réformé pour "souffle systolique"…

Martin avait sûrement une bonne étoile dans l'armée. Il a risqué de sa vie pour ne pas faire le service militaire, mais il n'a pas été passé par les armes. Ses condamnations civiles sont sûrement sa "chance" : étant jugé par des civils, il n'a pas eu les mêmes condamnations... radicales que celles des Conseils de Guerre.

Marié, Martin est décédé dans l'Yonne en 1984, à l'âge de quatre-vingt-dix ans… Sa vie tumultueuse s'est-elle poursuivie ? Nul ne le sait, affaire à suivre…

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