Erreur de saisie de cote aux archives…
Ne vous est-il jamais arrivé de mal saisir la cote de votre document dans un dépôt d'archives ?... Moi ? Eh bien oui ! Et je n'ai jamais regretté !
La première fois que j'ai réalisé cette erreur, j'ai commandé la cote Mdz 77/A au lieu de Mdz77, aux Archives départementales de Seine-et-Marne, à Dammarie-les-Lys. Qu'elle n'a pas été ma surprise !
Cela concernait une demande d'autorisation pour imprimer une nouvelle version du roman "Paul et Virginie"
Il y aura bientôt quatre ans qu’à cette place sous ce titre (Le Nouvelliste du 23 février 1900) une question bibliographique a été soulevée par érudit confrère M.G. Leroy.
Une lettre adressé le 12 juillet 1791 à Bernardin de St Pierre par Antoine-Louis BEAUNIER, avocat au Parlement de …), procureur syndic du district de Melun, adressée dans une lettre qu’il adressait à Bernardin de St Pierre le 12 juillet 1791, laissait supposer qu’une édition française-italienne de Paul et Virginie, alors dans tout son succès, aurait pu être imprimée la même année à cette date par A.SS. Tarbé, établi depuis un an seulement dans notre ville, depuis un an deux ans, rue de Boissettes.
La traduction italienne venait d’être publiée à Rome dans les 1ers mois de 1791, de format au in-4°, par le professeur J.F. Constant Blanvillain (d’Orléans) ami de Beaunier et son ancien condisciple depuis une vingtaine d’années longtemps.
Cette publication bien que laissant à désirer, quant à la partie matérielle, cette publication avait été bien accueillie par les Italiens, les exemplaires s’étaient enlevés rapidement en quatre mois. Déjà Le traducteur songeait sans plus tarder à une réimpression en France.
Aussi Beaunier dans une lettre enthousiaste de Paul et Virginie et de l’auteur, informait-il Mr de St Pierre qu’il se proposait du projet de donner une édition au in-12° plus correcte que celle de Rome de l’œuvre traduite par son ami ; qu’il s’était déjà entendu avec l’imprimeur Malmay pour la faire exécuter avec caractères de Didot et en très peu de temps. IL conservait … provisoirement dans le but l’exemplaire que Blanvillain lui l’avait chargé de faire parvenir à l’auteur et qu’il se proposait annonçait son intention d’allait le lui porter lui-même en personne dès que les épreuves seraient corrigées.
La missive de Beaunier a été reproduite par M. Leroy. Mais ce qu’on ignorait elle motiva c’est une la réponse de Bernardin de St Pierre du 16 juillet suivant – qu’on n’a pas retrouvée -, dont on ne connaît pas le texte les termes ; mais c’est qu’il aussi qu’il il y eut aussi deux mois et demi après plus tard une nouvelle missive de Beaunier, et celle-ci que je possède maintenant et qui permet de juger ce qu’était celle de qu’avait dit ce que put dire l’auteur de Paul et Virginie.
D’ailleurs, de cette édition supposée de Melun, personne n’avait vu un seul exemplaire ; aucun bibliographe n’en a parlé et pour cause ; M. Leroy avait donc grandement raison de douter qu’elle ait jamais existé.
Le hasard, qui souvent vient en aide aux chevaliers et aux curieux m’a mis en possession de la seconde lettre de Beaunier, et celle-ci elle explique pourquoi l’on n’imprima pas ne réimprima pas à Melun le livre à Melun, avec sa traduction italienne de Blanvillain. C’est tout simplement parce que Bernardin de St Pierre, dont le célèbre roman eut tant d’autres éditions, tant de traductions et même de contrefaçons, n’approuva pas le projet dont on Beaunier lui avait fait part au mois de juillet.
Voici cette seconde lettre de Beaunier du procur syndic melunais, du 27 7bre 1791. Elle transforme en certitude le doute formel exprimé en 1900 par M. Leroy : le livre de Paul et Virignie n’a pas eu d’édition melunaise prouve que le livre de Paul et Virginie n’a pas eu à ce moment alors d’édition melunaise.
« A M. De St Pierre, rue de la reine Blanche, près les Gobelins.
Monsieur,
Lorsque j’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le16 juillet dernier,je m’en suis bien voulu d’avoir donné à l’imprimeur la traduction de Paul et Virginie que M. Blanvillain, mon estimable ami, vous a dédiée ; et je n’ai pas prévu un instant pour la retirer. J’aurais bien trouvé les intentions de mon ami et les miennes, en faisant quelque chose qui vous contrariât. L’imprimeur n’a pas hésité à me remettre la traduction et les choses sont où elles doivent être. Je désirais bien, Monsieur, vous présenter moi-même l’ouvrage de mon ami, et profiter de cette circonstance pour connaître le premier homme de mon siècle ; mais la chose publique en veut autrement, et je m’enchaîne à elle de manière à ne faire ni mes affaires ni mes plaisirs. Forcé de rester ici, je charge Made Beaunier (qui se promène souvent avec la Chaumière ou Virginie à la main) de vous remettre le volume que mon ami m’a envoyé pour vous. Made Beaunier aura une véritable jouissance en vous voyant, Monsieur, et comme je prends ma part dans ses jouissances, je vous aurai vu aussi. Je murmure contre l’Assemblée électorale de Paris, de ce qu’elle ne vous a pas encore nommé à la Legislature ; je ne lui pardonnerai qu’au cas où vous ne payeriez pas le marc[1] aristocratique.
Je suis avec vénération, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Beaunier
Procr syndic du district de Melun, le 27 septembre 1791
P.S. je me suis acquitté, Monsieur, de la Comission que vous me donneriez auprès de M Maleceneau, votre lettre du 16 juillet dernier ;
Th. L.
Je vous ai, bien entendu, transcrit le document tel quel : avec ses erreurs d'orthographe et ses mots rayés. Ma curiosité un peu émoustillée, j'ai demandé, volontairement cette fois, la cote Mdz 77/B ! Voilà donc la suite réservée à cette tentative d'édition à Melun du roman "Paul et Virginie"…c ses erreurs d'orthographe et ses mots rayés.
La lettre de Beaunier a été reproduite en 1901 par M. Leroy. Mais ce qu’on ignorait alors est la réponse de Bernardin de St Pierre, du 16 juillet suivant (qu’on n’a pas retrouvée et dont on ne connaît pas exactement le texte) ; c’est aussi qu’il y eut, deux mois et demi plus tard, une nouvelle missive de Beaunier, laquelle permet de juger ce qu’avait répondu l’auteur de Paul & Virginie.
D’ailleurs, de cette édition supposée de Melun, personne n’avait vu un exemplaire ; aucun bibliographe n’en avait parlé – et pour cause : M. Leroy avait grandement raison de douter qu’elle ait jamais existé.
Le hasard qui souvent vient en aide aux chercheurs et aux curieux m’a mis en possession de la seconde lettre de Beaunier ; elle explique pourquoi Torbé ne réimprima pas le livre avec sa traduction italienne.
C’est tout simplement parce que B. de St Pierre, dont le célèbre roman eut tant d’autres éditions, tant de traduction et même de contrefaçons[2], n’approuva pas le projet dont Beaunier lui avait fait part au mois de juillet.
On trouvera plus loin cette seconde lettre du procureur-syndic du district de Melun, qui après s’être avancé à la légère, avait dû battre en retraite, retirer des mains de Tarbé le travail de Blanvillain, et renoncer à contrecœur à l’idée de surveiller l’impression d’une édition melunaise de Paul & Virginie.
Cependant cinq ans aprés Bernardin – se plaignant toujours de rester impuissant contre les contrefacteurs – était revenu sur son refus à l’égard de Blanvillain puisque celui-ci faisait paraître à Paris en 1796 une édition nouvelle de Paul & Virginie. D’autres réimpressions suivirent, mais toujours dans la capitale ; celle qui eut lieu en 1803, sous le format in-12°, porte : 4° édition.
Dans le second supplément à la France littéraire de J.S. Ersck (Hambourg, 1806), le volume de Blanvillain de 1803 en in-12°, est en effet cité avec la mention : 4e édition, prix 1f754 ; la Biographie des hommes vivants de 1816 indique également que c’est la 4e édition, - je n’ai pu m’assurer que cette indication est exacte.
Guérard mentionne pourtant le volume de 1803 comme une seconde édition seulement et le dit in-18 ; il y a là une erreur et peut-être même une double erreur, - à moins que cette traduction d’un ouvrage dont le succès persistait, n’ait eu deux éditions simultanées, l’une in-18, l’autre in-12, dans le cours de cette année 1803 – ce qui n’est pas impossible.
Th. L.
J'ai remis à plus tard la recherche généalogique sur les protagonistes de cette correspondance, et… le "plus tard" n'est pas encore arrivé…
Et vous ? Avez-vous déjà eu des déboires en demandant une cote ? Avez-vous persisté et exploité le document commandé par erreur ? Je vous le souhaite car… rien n'arrive jamais par erreur !