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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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6 novembre 2021

Challenge AZ : F comme… Fusillé, FIQUET Jules

Jules avait-il des repères de respect, des problèmes avec l'autorité ? La Guerre ne l'a pas aidé…

Jules FIQUET naît le 1er juillet 1889 à Ognes, dans l'Aisne. Fils de François, 44 ans, manouvrier, et Marie Elisa HIRSON, 35 ans, manouvrière, il est le dernier enfant d'une fratrie de dix. L'histoire de ses parents est particulière : tous les deux enfants naturels non reconnus, ils ont cinq enfants avant de décider de se marier. La famille bouge beaucoup : dans l'Aisne, Chauny, Sinceny, Ognes, et en Seine-et-Marne à Othis.

A peine âgé de 18 ans, il et condamné, à Paris, à un mois de prison pour mendicité. Appelé de la classe 1909, il rejoint le 151ème Régiment d'Infanterie le 1er octobre 1910 mais est réformé temporaire pour raison médicale antérieure à l'incorporation. Il revient dans ledit régiment le 17 octobre 1911. Au cours de son service, il est souvent puni pour manquement aux règlement : refus d'obéir, position au  repos alors devant être au garde à vous, rentrer après l'appel, ne pas se présenter aux corvées de pommes de terre… Il est tout de même renvoyé dans ses foyers le 9 octobre 1913 avec le certificat de bonne conduite ! D'ailleurs, l'état des notes de son livret militaire laisse présager un bon soldat en cas de conflit armé :

  • manière de servir : assez bonne,
  • instruction militaire : bonne,
  • attitude en cas de mobilisation : intelligent, vigoureux, apte à faire campagne.

FIQUET Jules - 3

Comme ses frères, Jules est rappelé par l'Ordre de mobilisation du 1er août 1914. Le premier choc pour lui est la disparition de son frère Alphonse François qui est porté disparu le 30 août à Sillery, dans la Marne. Que pense-t-il dans cette terrible nuit du 9 au 10 novembre 1914 ? Il n'a toujours pas de nouvelles de son frère ! Imagine-t-il que la solution pour ne pas mourir est de disparaître ?...

FIQUET Jules - 5

Le corps de Jules FIQUET n'ayant pas été retrouvé, il est porté disparu… C'est la prévôté d'étapes d'Houdschoote qui procède à son arrestation le 17 janvier 1915 et le ramène au 151ème stationné à La Harazée, commune de Vienne-le-Château, dans la Marne.

FIQUET Jules - 1

Le Capitaine CARRÉ rédige un rapport au sujet de cette désertion.

"Jules FIQUET a déclaré s'être joint à un régiment belge, puis au 79ème Régiment d'Infanterie, il n'apporte d'ailleurs aucune pièce à l'appui de ses dires. Il dit également s'être présenté à Ypres au bureau du Colonel à une date indécise, mais le capitaine ne parle d'aucun renseignement à ce sujet. Il y serait resté deux jours. Cependant, le 18 ou 19 décembre, il a été vi, en effet, à la Bienfaisance, pendant peut-être une demi-journée, par les cuisiniers qui s'y trouvaient. FIQUET n'a rien fait à ce moment pour rejoindre la compagnie aux tranchées de Zillebecke. Il prétend avoir quitté le régiment à Ypres le 1er janvier, or, à cette date, celui-ci était arrivé à Wemaers-Capelle près le Castel et avait quitté Ypres dans la nuit du 29 au 30. "

FIQUET Jules - 2

Jules n'a pas donné la même version aux gendarmes lors de son arrestation… "J'ai quitté mon régiment à Ypres le 1er janvier vers 8 heures du matin. Ce même jour, je suis allée, en compagnie de plusieurs camarades du même régiment à Saint Jean, localité voisine d'Ypres. Nous avons bu ensemble mais je n'étais pas ivre. Mes camarades sont rentrés au corps vers 19 heures, moi, je suis resté à Saint Jean où j'ai passé la nuit dans un café dont j'ignore le nom. Le 2 janvier, je suis parti avec un camarade belge. J'ai emporté une capote, un pantalon, une chemise, un caleçon et une ceinture de flanelle. J'ai aussi en ma possession mon fusil n° 665.777 et ma baïonnette, plus 22 cartouches dans ma cartouchière et mon ceinturon."

Le 27 janvier 1915, l'attaque d'une sape ennemie a été déclarée, Jules FIQUET a prétendu avoir mal aux pieds pour ne pas prendre part à cette action et dû y être obligé par son chef de section. C'est l'acte de trop ! La justice ne peut laisser passer… Le Conseil Spécial de Guerre du 151ème Régiment d'Infanterie le condamne non pour désertion mais pour "abandon de poste devant l'ennemi". Le Code de Justice militaire, au vu de cette accusation stipule que la sanction est la mort.

Jules FIQUET est présenté devant la 2ème Compagnie de son régiment et fusillé tôt le matin du 31 janvier 1915 à La Harazée.

Les fils ont tous des démêlés avec la justice civile et même celle militaire sauf… Alphonse François, né le 5 juin 1888 !

  • François, de la classe 1895, termine ses classes avec le certificat de bonne conduite, est condamné en 1901 pour violence et voies de fait volontaires en 1901, et est déclaré insoumis en 1911,
  • Georges, de la classe 1898 est réformé en 1900 pour surdité et commence à avoir des problèmes judiciaires dès 1921,
  • Joseph, de la classe 1904, a déjà été condamné en 1901. Il est condamné à 3 ans de prison par le Conseil de Guerre de la 69ème Division d'Infanterie pour "abandon de poste sur territoire en temps de guerre" en 1916, une nouvelle condamnation militaire le 2 juillet 1917 pour "désertion en présence de l'ennemi". Il aurait pu, comme son frère Jules, être passé par les armes !

Alphonse François FIQUET sera déclaré Mort pour la France le 31 août 1914 à Sillery, Marne, par le Tribunal civil de Laon, le 22 mars 1922. Son frère Jules ne le saura jamais…

Un point sur la fiche matricule de Jules FIQUET, fiche n° 625 au Bureau de recrutement de Laon. Il est noté que Jules a été porté disparu le 26 septembre 1914 à Sillery et déclaré Mort pour la France à la même date par le Tribunal civil de la Seine, le 4 mars 1921.

Jules FIQUET ne semble pas être le mauvais bougre, rebelle, c'est certain ! Mais la justice militaire, surtout au début de la Première Guerre Mondiale, était appliquée très, trop peut-être, rapidement…

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