Challenge AZ : E comme… Etranger alsacien

5 novembre 2021

Le terrible destin des alsaciens partagés entre la France et leur région d'attache…

Le traité de Francfort – 10 mai 1871, met fin à la guerre entre la France et l'Allemagne et annexe les départements du Bas et du Haut Rhin, ainsi qu'une partie de la Moselle. Dans son article 2, "les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendent conserver la nationalité française de transporter leur domicile en France et de s'y fixer sans que ce doit puisse être altéré par les lois sur le service militaire auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue. Ils seront libres de conserver leurs immeubles situés sur le territoire réuni à l'Allemagne. Aucun habitant des territoires cédés ne pourra être poursuivi, inquiété ou recherché dans sa personne ou dans ses biens à raison de ses actes politiques ou militaires pendant la guerre". La convention additionnelle à ce traité – 23 juillet 1871, article 1^er – précise qu'il faut que l'option à rester français doit être assortie d'une déclaration faites devant le maire de la commune où ils ont élu domicile ou dans une chancellerie – ambassade ou consulat. La date limite pour effectuer cette démarche est le 1^er octobre 1872.

Charles Joseph Alfred NOIRIEL, né le 2 octobre 1843 à Strasbourg, opte pour la nationalité française, le 6 avril 1872 à la mairie de Nuits, en Côte-d'Or. Il est donc, désormais, de nationalité française. Etonnamment, le 15 septembre 1877, à Strasbourg, il épouse Caroline Pauline Mathilde FISCHER, fille de Charles et Julie Pauline HASENCLAVER.

Georges NOIRIEL, né le 11 janvier 1886 à Strasbourg, est fils de Charles Joseph et Julie Pauline. Il aura trois frères et deux sœurs, tous nés à Strasbourg :

Yvonne, le 12 juillet 1878
Renatus, le 12 mars 1880, décédé,
Lucie, le 17 février 1882,
Laure, le 10 janvier 1884,
Paul, le 21 août 1888, décédé,
Charles, le 9 mai 1891.

A la veille de la déclaration de la Première Guerre Mondiale, Georges fuit l'Alsace pour rejoindre Paris, où il réside chez son oncle, Willy FISCHER, du 30 juillet au 1^er septembre 1914. Depuis cette date, il habite à Blois, 50 route Basse de Paris. Son frère, Charles, ingénieur, n'a pas eu la même chance : alors qu'il voulait passer la frontière vers la Suisse, il a été arrêté.

Georges, installé à Blois, passe le concours d'interprète le 11 janvier 1915 ; il ne connaît pas le résultat mais pense qu'il ne peut être reçu du fait de sa nationalité allemande ! Allemand, Georges est allemand ? Mais, pourtant, son père avait opté pour la nationalité française… Le mariage avec Caroline Pauline lui a-t-il donné d'office la nationalité allemande qu'il ne désirait pas ? Le constat, évident, est que les enfants sont de nationalité allemande.

Georges NOIRIEL doit donc entamer une procédure de demande de naturalisation. Il présente son dossier daté du 29 mai 1915. Dans son dossier, il explique que ses revenus sont très inférieurs à ce qu'il touchait en Alsace – 100 francs au lieu de 300, qu'il ne paie pas de loyer car il réside chez sa sœur Yvonne, épouse de Louis Georges HASENCLEVER. Ce dernier a réintégré la nationalité française le 23 novembre 1886 et est Commandant au 113^ème Régiment d'Infanterie, Chevalier de la Légion d'Honneur depuis le 31 décembre 1912.

Il obtient la nationalité française et s'engage, le 7 juin 1915 à Paris, au titre de la Légion Etrangère pour prendre part à la Première Guerre Mondiale.

Il est finalement rattaché à différents régiments de l'Artillerie Lourde et fait campagne contre l'Allemagne jusqu'au 2 avril 1919. Cité par deux fois au titre de la Division, le 31 août 1917 et le 23 juin 1918, Georges NOIRIEL est démobilisé à la date dudit 2 avril et se retire à Remiremont, dans les Vosges.

Le 18 novembre 1921, à Strasbourg, Georges épouse Hélène SCHEIDECKER, 26 ans, fille de Gustave et Jeanne Fanny ORTH. Un fils naît de cette union, Jacques Pierre, le 18 juillet 1922. Veuf le 4 novembre 1935, Georges crée une entreprise en 1938.