Challenge AZ : A comme… Acte respectueux
L'autorisation au mariage par les parents n'est pas toujours aisée à obtenir !...
En 1896, Georges RICORDEAU, 25 ans, réside encore chez ses parents, Emile, 64 ans, et Rose MONTGERMONT, 62 ans, tous les deux cultivateurs à Pringy, en Seine-et-Marne. Il n'est pas seul, son frère aîné, Antoine, 33 ans, et Blanche, 18 ans, sont aussi chez les parents.
Il rencontre Alphonsine Victorine VEILLARD, 17 ans, et tombe amoureux. Le désir de mariage des deux tourtereaux et freiné par les parents du futur. En effet, pour une raison que seul Georges connaît, les parents refusent leur consentement comme l'exige la loi.
Qu'à cela ne tienne, Georges fait sa demande par voie de notaire : l'acte respectueux. Dans cet acte, il demande à ses parents l'autorisation de se marier. Il sait que ses parents vont refuser et qu'il devra, par conséquent, renouveler sa demande à un mois d'intervalle et toujours par voie notariée.
La dernière demande en date du 5 juin 1896 essuie un nouveau refus…
"Le vendredi vingt-six juin mil huit cent quatre-vingt-seize, obtempérant au réquisitoire qui leur a été fait par le sieur Ricordeau fils, Me Godillon et MM. Le Magot et Patry, témoins, se sont transportés au domicile de M. et Mme Ricordeau à Pringy. A cinq heures, ils ont notifié l'acte respectueux par lequel M. Georges Ricordeau, leur fils, demande respectueusement leur conseil sur le mariage qu'il se propose de contracter avec Mlle Alphonsine Veillard, fille mineure demeurant chez ses père et mère à Pringy.
Engagés à répondre, M. Ricordeau dit que pour les motifs déjà connus de son fils, il ne trouve pas convenable le mariage que son fils se propose de contracter malgré sa volonté et qu'en conséquence, il refuse son consentement. Bien évidemment, Mme Ricordeau suit la décision de son époux."
C'était la troisième demande, Georges peut donc passer outre d'ici à un mois. Il épouse Alphonsine Victoire VEILLARD, le 19 août 1896, à Pringy, sans la présence de ses parents mais en présentant le dernier acte respectueux, du 5 juin de la même année.
Le seul membre de la famille de Georges présent à ce mariage est son frère aîné, Emile, 39 ans, manouvrier, demeurant à Saint-Fargeau.
Alors heureux parent d'une petite Blanche, née à Pringy le 14 mai 1899, Georges enterre sa mère décédée le 17 janvier 1900. Peu rancunier, il accueille son père dans son foyer. Par la suite, la famille vient s'installer à Seine-Port où naissent leurs deux autres filles, Georgette Marceline, le 20 janvier 1902, et Marcelle Jeanne, le 11 octobre 1903.
En 1907, toute la famille revient sur Pringy et la vie se poursuit… Le père, Emile Mathurin décède au domicile de son fils le 24 novembre 1911.
Georges n'est pas le seul des fils à avoir eu du mal à obtenir le consentement au mariage des parents… Emile, son frère aîné, a eu l'obligation d'un contrat de mariage, un enfant étant né antérieurement. Antoine, l'autre frère, a eu l'autorisation au mariage par devant le maire de la commune de Pringy la veille de la cérémonie…
Vouloir et pouvoir se marier, avant l'âge de 25 ans pour un homme n'était pas toujours chose facile, mais la loi du 20 juin 1907 a assoupli les mesures en remplaçant "l'acte respectueux" par "la notification du projet au mariage". La loi du 27 juillet 1927 a limité ces mesures à des cas très précis et ces dernières ont totalement disparues par la loi du 2 février 1933…