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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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9 mai 2021

La vague du choléra et Seine-Port…

La pandémie du choléra dans les années 1830…

Les articles de "La Quotidienne" donnent une information très précise de la propagation du cholera-morbus, depuis l'Asie jusque chez nous, en France :

Le 15 octobre 1830, "La maladie épidémique connue sous le nom de cholera-morbus a produit de nos jours d'affreux ravages dans la plus grande partie de l'Asie. Elle a paru, depuis l'année dernière, dans plusieurs provinces de l'Empire de Russie, où elle exerce dans toutes ses fureurs. […] Cette maladie se répand de jour en jour et menace l'Europe."

Le 4 novembre 1830, "… Les progrès toujours croissants du cholera-morbus en Russie, ont déterminé le gouvernement de cet empire à former un cordon sanitaire à cinq lieues de Saint-Pétersbourg. Des quarantaines ont aussi été établies dans divers gouvernements du midi de la Russie. On espère que les grands froids qui se feront bientôt sentir dans ce pays, détruiront ou neutraliseront les miasmes de ce terrible fléau."

Le 15 janvier 1831, "… L'épouvante s'est tout à coup répandue dans Vienne, à la nouvelle que dans un village voisin, plusieurs malades étaient morts avec des symptômes du cholera-morbus."

Le 28 mai 1831, "Par une note officielle du 23 mais, datée de Whitehall, tout navire chargé, venant des ports de Russie, de la Prusse ou des Îles Anséatiques[1], sera soumis à la quarantaine. Cette mesure de précaution a pour seul but de prévenir l'importation du cholera-morbus en Angleterre."

La Quotidienne - pub 1

Le 10 juin 1831, le gouvernement français, par l'intermédiaire du Ministre de l'Intérieur, adresse aux membres des commissions sanitaires dans les ports, une circulaire relative aux mesures de précautions auxquelles elles doivent soumettre les arrivages des ports de Russie et de Pologne, ou tous autres qui seraient suspectés de porter le germe du cholera-morbus. Le conseil médical de Londres affirme que la maladie ne peut se transmettre ni par les marchandises ni par les "hardes et effets". La Suède applique aussi les mesures sanitaires envers les bateaux provenant des mêmes ports cités ci-dessus. En juillet 1831, le choléra est en Autriche, en Finlande, en Hongrie, en Angleterre … La commission sanitaire de Calais annonce qu'elle repoussera tous navires arrivant d'Angleterre.

Dans sa séance du 3 septembre 1831, la Chambre des Députés demande un crédit supplémentaire pour les dépenses à faire contre l'invasion du choléra. Un crédit d'un million supplémentaire a été accordé. Renseignements pris, l'annonce, que le cholera-morbus est sur le sol français, est officielle ! Il est arrivé avec des ressortissants polonais, au nombre de 20 000. Pas un d'eux n'a été soumis à une quelconque mesure sanitaire.

Le choléra poursuit son invasion : Belgique, Pays-Bas, nul pays d'Europe du Nord ne sera épargné. C'est ainsi, qu'en France, à paris, la Commission centrale de salubrité a été convoquée le 30 mars 1832 à la Préfecture de police de Paris. Elle a donné son avis sur les mesures sanitaires que pouvait réclamer l'état de la capitale :

  • 48 bureaux de secours vont être établis afin de pouvoir donner des secours immédiats aux personnes qui seraient attaquées du choléra,
  • A chaque bureau seront attachés un certain nombre de médecins, d'infirmiers et de porteurs,
  • Chaque bureau sera doté de médicaments et d'objets pouvant servir au transport des malades,
  • Tous les cas de choléra devront être, à l'instant, signalés à la Préfecture de Police, à cet effet, des bulletins imprimés seront distribués,
  • Les logements des personnes atteintes du choléra seront purifiés et soumis à des lotions chlorurées,
  • Une salle particulière sera réservée dans tous les hôpitaux pour les cholériques.

La Quotidienne - 12

Le 15 avril 1832, les médecins s'accordent à dire que nous serons bientôt débarrassés du funeste choléra. La quantité des cas nouveaux est inférieure à celle de la veille. Cependant, l'épidémie se propage sur tout le long de la Seine en aval de Paris et sous le vent d'est qui passe sur la capitale. La maladie semble stationnaire, 309 décès le 15 avril 1832, pour 309 le 16. Mais, il est à noter que certains décès, au début de la pandémie, ont été comptabilisés à tort au choléra. Aujourd'hui, les décès sont catégorisés pour isoler les décès imputables au choléra lui-même. Le 20 avril force est de constater que le nombre de décès est stabilisé aux alentours de 300.  Les médecins s'interrogent désormais sur les dangers de la migration des parisiens. "au moment où beaucoup de personnes quittent Paris par crainte du cholera-morbus, il n'est pas hors de propos d'examiner, sous le point de vue purement médical, si cette émigration est dictée par la prudence. Il y a quelque danger à reste ; il y en a aussi à fuir. […] Le plus sûr est de rester. Sans doute rien ne paraît plus naturel que de quitter un lieu sur lequel la nuée épidémique s'est abaissée et d'aller chercher ailleurs un air que l'on puisse respirer sans inquiétude. […] Tous les jours, nous apprenons que sur la plupart des points du cercle déjà fort étendu où sévit le choléra, les personnes qui ont été les premières atteintes venaient de Paris. Elles y avaient pris le germe du mal, elles ont été frappées dans des lieux où elles n'ont pas toujours trouvé le secours qu'elles laissaient derrière elles en fuyant le foyer de l'épidémie. C'est un des dangers de l'émigration : c'est donc une raison de rester. De plus, l'homme s'endurcit à tout ; il s'accoutume à respirer dans un air peu salubre."

C'est ainsi, à cause – c'est le mot juste dans le cas présent – de ces parisiens qui possédaient des résidences secondaires, que le choléra est arrivé à Seine-Port, en Seine-et-Marne. C'est un village où de nombreux parisiens ont des résidences secondaires, de là à penser que ces derniers ont fui la capitale pour les raisons indiquées ci-dessus, il n'y a qu'un petit pas à franchir. Rien, absolument rien n'est noté dans les registres de l'état-civil de la commune. Mais comment expliquer le décès de 22 personnes – hommes, femmes, enfants – entre le 20 et le 30 juin 1832 ? Les jours et mois suivants, le nombre de décès semble avoir diminué pour revenir à une situation "normale".

La Quotidienne - pub 2

La population de Seine-Port semble augmenter de 20 à 40 habitants par recensements (1836, 1841 et 1846), une estimation d'environ 660 âmes en 1832 semble raisonnable (687 en 1836, 704 en 1841 et 748 en 1846). Cela signifie que 3,7 pour cent de la population est décédée durant cette courte période de 11 jours.

Le choléra ne va pas quitter le territoire comme d'un coup de baguette magique. Après la France, les pays européens du midi, l'Espagne et le Portugal, sont touchés. Et puis la pandémie nous touchera de vagues en vagues jusqu'au moins en 1849, année du décès, à Paris, de mon sosa 48, Charles Dominique DEVILLERS.

La similitude de cette pandémie de 1832 et celle d'aujourd'hui avec la Covid-19 est surprenante :

  • La mise en place de l'organisation des soins,
  • Les sommes débloquées pour permettre d'enrayer la maladie,
  • Les "remontées" des chiffres,
  • L'ouverture de salles spécifiques aux soins de la maladie,
  • La responsabilité de l'émigration sur la propagation en France,
  • Les propagandes sur le produit miracle qui va nous sauver.

 Les différences sont aussi très importantes :

  • La rapidité de la propagation : plusieurs années à l'époque, quelques jours en 2020,
  • Les soins : la science a, heureusement, fait de très gros progrès,
  • Les lieux de soins : beaucoup plus d'hôpitaux, même si, parfois, il en aurait fallu encore plus,
  • Le fait d'avoir un moyen de communication tels le téléphone ou l'internet.

Cette recherche avait pour but de comprendre pourquoi autant de décès à Seine-Port, sur une si courte période. Et vous, dans votre ville ou village, avez-vous constaté aussi une hausse importante des décès ?...


[1] Iles germaniques

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