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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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17 novembre 2018

Challenge AZ : OTTEN Théodore Nicolaus, néerlandais fusillé de la Première Guerre Mondiale…

Les fusillés de la Première Guerre Mondiale ne sont pas tous des criminels mais le Code de Justice Militaire en vigueur est rigoureux et le temps de guerre ne permet pas la "tolérance" de la part des autorités en présence…

OTTEN Théodore NIcolaus - jugement

Théodore Nicolaus OTTEN naît le 3 mars 1880 à Rotterdam, Pays-Bas. Il est fils de Nicolaus et Marie GUEDE.

OTTEN Théodore NIcolaus - photo

Théodore Nicolaus est parti, vers 1898-1900, travailler à Hambourg à la filiale de la Maison ENGERS, entreprise néerlandaise. Cinq ans plus tard, vers 1905 donc, il s'associe avec M. Adolphe HOLZ, de Rotterdam, et s'installe comme contrôleur de grains, en concurrence avec son premier employeur, la Maison ENGERS. Au moment de la déclaration de guerre, Théodore Nicolaus réside à Hambourg mais fait de fréquents voyages en Suisse. Il a appris le français à l'école mais ne doit pas le parler parfaitement. Il détient toujours la nationalité néerlandaise.

Il est assigné à comparaître le 24 décembre 1917 devant le Conseil de Guerre permanent de Lyon. Il n'est pas seul. Léon Gustave MERMET, brigadier territorial au 2ème Régiment de Dragons est aussi convoqué. Ce dernier réside à Genève, en Suisse. Ils tous deux détenus à la Prison Saint Paul à Lyon. Deux autres soldats sont aussi présents : Jean TEPPAZ et Charles Louis BENOÎT, tous deux du 27ème Régiment de Dragons. Ils sont accusés de "falsification de feuilles de route et d'usage" mais il est décidé qu'il n'y a pas lieu de les juger devant le Conseil de Guerre.

 

Journal "L'Action Française" - édition du 31 janvier 1918

Léon Gustave MERMET a déjà été arrêté et interrogé, avec son épouse, en juillet 1917. Il faisait, ou fait encore, partie de la bande d'espionnage "Rhem[1]" de Genève.  Il avait été soupçonné d'avoir été "approché" par un capitaine, STEINER, agent du service d'espionnage allemand, et d'être aussi un agent des services d'Annemasse. Arrêtés par des agents de la Sûreté nationale, entendus, ils ont été libérés sans que personne n'avise les autorités militaires. Il n'a pas été possible, selon les inspecteurs, de prouver la culpabilité du couple MERMET.

Alors que Théodore Nicolaus est accusé de complicité d'espionnage et intelligence avec l'ennemi, Léon Gustave est accusé de dissipation d'effets militaires, de vol et de trahison par intelligence avec l'ennemi. Les deux prévenus n'ont, apparemment, pas de condamnations antérieures. Théodore Nicolaus est représenté par un avocat, Me BOULLUD et Léon Gustave MERMET par Me BOUVIER.

Le Conseil de Guerre vote, à la demande du Commissaire du Gouvernement et afin que "toute publicité aux séances seraient dangereuses pour l'ordre public et pour les mœurs", que le jugement ait lieu à huis clos.

La défense de Théodore Nicolaus ne repose que sur la manière dont il a été arrêté. En effet, pour être traduit devant la justice militaire française, il faut que l'inculpé soit sur le sol français. Or, OTTEN, alias Capitaine STEINER, résidait en Suisse ou en Allemagne.  C'est lors d'un voyage, en Suisse mais proche de la frontière française, que OTTEN aurait été arrêté par ruse. "Le chauffeur, acheté par les services français, a fait semblant de tombé en panne, juste à la limite de la frontière. OTTEN, alias STEINER, descendu de voiture, ne s'est pas rendu compte qu'en marchant il était entré sur le territoire français, où les autorités l'attendaient". Le reste des faits qui lui sont reprochés ne sont pas dénoncés par l'inculpé ni par son avocat, seul le fait d'avoir été arrêté "par ruse". D'autant que le chauffeur, incarcéré en Suisse, s'est échappé et reste introuvable. La rencontre entre Théodore Nicolaus et Léon Gustave n'est pas prouvée. Cela reste, par la suite, un débat sur les articles du Code Justice militaire, ceux qui sont retenus contre ceux qui devraient l'être.

Le Conseil de Guerre permanent de Lyon condamne les deux hommes, Théodore Nicolaus et Léon Gustave, à la peine de mort le 9 janvier 1918. Les deux hommes font appel en révision. Le Conseil de Révision de Lyon, annule ledit jugement le 31 janvier 1918 et renvoie les deux accusés devant le Conseil de Guerre de Grenoble. Ce dernier, par jugement du 26 février 1918, ordonne le renvoi de l'affaire devant la Cour de Cassation, pourvoi déjà formé par Théodore Nicolaus OTTEN, le 9 janvier 1918. La Cour de Cassation juge irrecevable le pourvoi le 28 mars 1918.

Le Conseil de Guerre de Grenoble est convoqué le 16 avril 1918 pour statuer, définitivement, sur les faits imputés aux deux hommes conjointement. Condamné à mort le 17 avril 1918, Théodore Nicolaus OTTEN, alors détenu à la prison militaire de Grenoble, se pourvoit en révision le 18 avril 1918.

La Cour de Cassation rejette le pourvoi présenté par Théodore Nicolaus le 17 juin 1918. Son recours en révision est aussi rejeté le 10 août 1918. Il est demandé par les autorités de ne faire aucune communication à la presse. Théodore Nicolaus OTTEN est donc condamné à la peine de mort, alors que Léon Gustave MERMET a réussi à faire diminuer sa peine, Travaux forcés à perpétuité et dégradation militaire.

Dans sa prison, avant de partir pour l'exécution, Théodore Nicolaus a laissé un billet au gardien chef. Ce billet, écrit et signé de sa main, est un "testament" dans lequel il demande que sa montre, sa bague en or et son argent – 332,18 francs – soient remis à Johannes SCHNEEKLOTH, prisonnier de guerre. Le billet n'étant pas daté, il n'est pas reçu comme testament d'autant que les frais envers l'état pour son jugement s'élèvent à 176,45 francs. Les objets cités dans le testament, et le solde de la somme, sont réclamés par le le Ministre des Pays-Bas à Paris. Ces objets n'ayant été ni saisis ni séquestrés, il est proposé de les faire parvenir au Ministre des Pays-Bas, à Paris pour remise aux ayants-droits.

OTTEN Théodore NIcolaus - planThéodore Nicolaus OTTEN part au champ de tir de Tomboire, commune d'Echirolle, dans l'Isère, le 12 août 1918 à 5h00 du matin. La mise en place des soldats, des anciens et des jeunes de la classe de 1919 – il faut bien montrer ce qui arrivent aux "espions" – a eu lieu à 4h30. Les troupes sont placées en carré et doivent respectées l'emplacement dont le croquis est joint. Un sergent, parmi les plus anciens, est désigné pour bander les yeux de Théodore Nicolaus et aussi, si nécessaire, donner le coup de grâce.

 

A 5h30, Théodore Nicolaus OTTEN tombe sous les tirs du piquet d'exécution. Les troupes en présence défilent devant le corps et… rentrent au casernement pendant que le corps du fusillé est ramassé.

 

 

Le dossier OTTEN-MERMET, et autres complices comporte 841 vues. Nombreuses sont celles sur les correspondances entretenues entre MERMET et son épouse, ainsi que OTTEN et son frère voire sa bien-aimée. La procédure a duré une longue année, au cours de laquelle certains se sont justifiés des erreurs de justice et d'autres ont réussi à être disculpés des faits qu'il leur était reprochés. La Guerre est ainsi faite : des soldats qui meurent dans les tranchées, des "espions" sous les balles des piquets d'exécution… !



[1] Cette "bande" d'espion est jugée dans les mêmes dates par les Tribunaux Suisses. Les inculpés sont au nombre de 37.

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