Challenge Upro-G : MANNOURY Suzanne Léonie Augustine, Morte pour la France …

Les infirmières ! Ces victimes de la Guerre dont on parle si peu… Elles ont été là, jeunes et moins jeunes, à soigner ces soldats, à voir de vilaines blessures, à panser de vilaines souffrances, à… Suzanne MANNOURY a été l'une d'elle !

Suzanne naît le 13 juillet 1892 à Cherbourg, dans la Manche. Elle est fille de Auguste Léon, quarante-deux ans, dessinateur, et Maria Julie Augustine AUBERT, trente-et-un ans, sans profession. Elle est la dernière enfant d'une fratrie de six, certains nés à Tourlaville, d'autres à Cherbourg :

• Lucien Paul Marie, né le 25 février 1881, décédé le 22 novembre 1886,
• Renée Henriette, née le 18 janvier et décédée le 1^er septembre 1883,
• Renée Henriette Julienne Augusta, née le 6 octobre 1884,
• Fernand Jules Eugène Lucien, né le 3 mars 1888,
• Lucienne Rosalie Pauline, née le 3 mai 1890.

La vie de la famille MANNOURY est la même qu'une vie de famille paisible à Cherbourg… Un mariage, le 19 septembre 1910 : Renée Henriette Julienne Augusta épouse Camille Théodore Marie DOR. Puis, deux ans plus tard, le 6 février 1912, Fernand Jules Eugène Lucien épouse Marie Justine Augustine GOSSELIN. Puis… Puis c'est la Guerre !

L'Ordre de Mobilisation générale du 1^er août 1914 rappelant tous les hommes en âge de rejoindre l'armée, Fernand Jules arrive à son régiment le 7. Il a un parcours de service militaire correct. C'est avec le grade de sergent qu'il arrive à la Guerre. En 1915, le 5 avril, il passe au 25^ème Régiment d'Infanterie, le 17 mai, c'est au 71^ème, puis, le 1^er juillet, le 272^ème Régiment d'Infanterie. Ce sera son dernier régiment !... Promu sergent major le 13 juin 1915, il est blessé et évacué le 16 juillet 1915.

"Le régiment est position à Mouilly, commune de la Meuse, contigüe à celle des Eparges. La nuit du 15 au 16 juillet 1915 est calme jusque 4h45. A partir de ce moment-là, la 2^ème ligne et les PC sont bombardés par l'artillerie ennemie qui se poursuit pour ne diminuer d'intensité qu'à la fin de la journée. Les tranchées et les parapets ont fortement soufferts. Il faut effecteur de nombreuses réparations. Côté humain, de nombreux blessés à évacuer… dont Fernand Jules Eugène Lucien MANNOURY".

Fernand Jules rentre au dépôt après sa convalescence, le 14 octobre 1915. Ce n'est que le 3 février 1916, qu'il retourne en renfort dans les tranchées….

Est-ce alors que son frère était blessé que Suzanne Léonie Augustine a rejoint une association d'infirmières militaires ou l'était-elle déjà ? Les archives en ligne ne m'apportent pas la réponse… Mais ce qui est certain, c'est que c'est en donnant de son temps, de son courage, de sa présence, qu'elle a contracté la fièvre typhoïde qui lui a coûté la vie ! Elle a été reconnue Morte pour la France, victime de son devoir, victime de son abnégation à porter secours aux blessés. Elle décède le 8 décembre 1916 à l'Hôpital maritime militaire de Cherbourg, sûrement là même où elle dispensait les soins aux blessés. Suzanne est âgée de vingt-quatre ans.

Qu'import pour le sort de Fernand Jules : il DOIT poursuivre le combat ! Le 13 juillet 1916, il est cassé de son grade et donc rétrogradé à celui de sergent. L'année suivante, il est cité à l'ordre de son régiment, n° 444 du 12 août 1917 : "Chargé d'assurer la liaison du Bataillon et de la Compagnie du 1er au 13 juillet 1917, s'est acquitté de sa mission avec sang-froid et courage malgré les plus violents bombardements".

Le 14 juillet 1918, trois ans après sa première blessure, Fernand Jules est grièvement blessé et évacué. Il est de suite amputé de sa jambe droite. Transporté à l'hôpital de Couty le 5 août 1918.

Le lendemain, il est cité à l'ordre du Grand Quartier Général, n° 8843 : "Excellent sous-officier d'une bravoure et d'un sang-froid remarquables qui s'est constamment distingué au feu dans tous les combats auxquels il a pris part, a été grièvement blessé en accomplissant courageusement son devoir. Amputé de la jambe droite, une blessure ancienne, une citation". Ferdinand Jules reçoit la Croix de Guerre avec étoile de bronze ainsi que la Médaille Militaire. Cette dernière avec effet rétroactif du 20 juillet 1918.

Evacué à l'hôpital de Saint-Lô, dans la Manche, il décède des suites de ses blessures le 15 septembre 1918.

Le seul fils de la famille MANNOURY Auguste et Maria, Fernand Jules, a laissé sa vie dans ce conflit. Leur plus jeune fille, Suzanne Léonie a péri en voulant soigner et soulager les blessés de cette guerre. Même si, seul Fernand a son nom inscrit sur le livre d'Or – purement militaire, le frère et la sœur figurent tous les deux sur le Monument aux Morts de Cherbourg…