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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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6 novembre 2018

Challenge AZ : EHRLICH Charles Hermann et ses camarades, fusillés allemands de la Première Guerre Mondiale…

Si l'Armée et l'Etat français n'étaient pas "tendres" avec nos soldats, ils ne l'étaient pas beaucoup plus avec les La justice militaire, à cette époque, était vraiment dure et intransigeante !... Était-ce nécessaire ? Sûrement…

 EHRLICH Charles Hermann - jugement

Nous sommes le 17 septembre 1914. Ce sont sept soldats allemands qui comparaissent devant le Conseil de Guerre Spécial de la 9ème Armée. Ils sont accusés de "pillage de maison en bande et avec armes". Les faits se sont déroulés au 10 de la rue Saint Joseph à Châlons-sur-Marne, dans la Marne. Cette maison est habituellement occupée par M. Auguste MARAT, commis de l'enregistrement, et M. PETITEAUX, sous-chef de musique au 25ème Régiment d'Artillerie.

Les soldats allemands ont quitté leurs régiments respectifs et se sont retrouvés dans cette maison inhabitée. Ils y sont entrés en fracturant la porte d'entrée et sont restés jusqu'à leur arrestation. Ils ont mangé et bu ce qu'ils ont pu y trouver. Naturellement, ils étaient en uniformes et armés, mais ils n'ont tué personne !

 -          EHRLICH Charles Hermann naît le 8 février 1891 à Wendish-LIppa (Saxe). Il est fils de Charles Gustave et Thérèse BETTCHER. Marié, sans enfant. Il est soldat réserviste au 182ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé des cartes postales neuves, un album de vues de Versailles et de Reims, trois boucles en corne pour cheveux, une petite glace de poche, un canif, quatre boutons de manchettes et une pipe de bruyère.

 -          KÖNIG Max naît le 23 février 1893 à Warhau, en Saxe. Il est fils de Hermann et Berthe CZERTSCHER. Mineur de profession, il est célibataire. Il est soldat de 1ère année au 107ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé un bracelet en métal blanc.

 -          MAYNERT Frédéric Guillaume naît le 3 février 1893 à Schwaneeberg, en Saxe. Il est fils de Guillaume et Catherine CSRATZAL. Célibataire, il est musicien. Il est soldat de 2ème année au 182ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé quatre mouchoirs.

 -          MUSS Frédéric Paul naît le 26 mai 1891 à Lissa, en Prusse. Il est fils de Paul et Ernestine KOSEL. Il est célibataire et soldat de 1ère année au 181ème Régiment d'Infanterie allemande, Il a dérobé cinq mouchoirs blancs et une cuiller à café.

 -          NIX Arthur naît le 12 mars 1891 à Dresde, en Allemagne. Il est fils de Jean et Mina BETTCHER. Marié, instituteur, il est père d'un enfant. Il est soldat réserviste au 182ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé un fichu blanc marqué Emilie, un sac à main en cuir vert, un bloc-notes, un nécessaire de couture, une glace de poche, une paire de gants pour femme, une cordelière en soie, du papier à lettres, un flacon de poche et une bonbonnière contenant trois boucles d'oreilles.

 -          POMMER Ernest naît en 1891 à Zscharhau, en Saxe. Il est fils de Gustave et Augustine GÖTTENNAU. Marié, il a un enfant. Il est soldat au 179ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé trois épingles de cravate, deux gommes neuves, trois boutons de manchette et un mouchoir blanc.

 -          TAUBERT Curt Eilfrid naît le 8 septembre 1892 à Chermitz, en Saxe. Il est fils de Maurice et Anna BASTER. Célibataire, il exerce la profession de serrurier. Il est soldat de 1ère année au 179ème Régiment d'Infanterie allemande. Il a dérobé un mouchoir à carreaux portant les inscriptions du 106ème Régiment d'Infanterie – français, une pelote de fil blanc, un bouton de capote français, un tire-bouchon et un couteau de poche.

 Le rapport de gendarmerie indique qu'ayant été informés de bruits suspects dans une maison inhabitée, les gendarmes se sont rendus sur place le 15 septembre 1914. Ils ont constaté que la porte d'entrée avait été brisée. Entrés dans la maison, ils ont vu que tous les meubles avaient été fouillés et, dans une pièce à l'étage, ils ont surpris sept soldats allemands qui allaient se mettre à table pour manger. Les soldats ont été arrêtes sans opposer de résistance, malgré la présence de leurs armes chargées à plusieurs coups. Malgré la mise à sac du logement, les objets dérobés ne sont pas estimés d'une grande valeur.

 Ils comparaissent donc tous avec la possibilité d'une peine de mort avec dégradation militaire au vu de l'article 250 du Code de Justice militaire. Le dossier ne donne que 36 pages de procédure sur l'arrestation et le rapport de gendarmerie. Rien concernant le jugement en lui-même. Pourquoi ? Il ne peut être divulgué ? Il a disparu ? Le dossier de Charles Hermann EHRLICH est consultable sur le site de Mémoire des Hommes, dans la section des fusillés. Ils ont été condamnés à la peine de mort le 18 septembre 1914 et passés par les armes le lendemain, à Châlons-sur-Marne.

EHRLICH Charles Hermann - exécution

La guerre venait juste de commencer. Certes, ce "pillage" est condamnable mais de là à l'exécution… Le fossé, pour moi, était sacrément large à enjamber. L'article 250 du Code de Justice militaire dit : "Est puni de mort, avec dégradation militaire, tout pillage ou dégât de denrées, marchandises ou effets, commis par des militaires en bande, soit avec armes ou à force ouverte, soit avec bris de porte et clôtures extérieures, soit avec violence envers les personnes. Le pillage en bande est puni de la réclusion dans tous les autres cas. – Néanmoins si, dans les cas prévus par le premier paragraphe, il existe parmi les coupables un ou plusieurs instigateurs, un ou plusieurs militaires pourvus de grades, la peine de mort n'est infligée qu'aux instigateurs et aux militaires les plus élevés en grade. Les autres coupables sont punis de la peine des travaux forcés à temps. – S'il existe des circonstances atténuantes, la peine de mort est réduite à celle des travaux forcés à temps, la peine des travaux forcés à temps à celle de réclusion et la peine de réclusion à celle d'un emprisonnement d'un à cinq ans. – En cas de condamnation à l'emprisonnement, l'officier coupable est, en outre, puni de la destitution".

 Ces sept soldats allemands représentaient l'ennemi. Ils étaient "déserteurs", ils étaient "voleurs". Ils n'ont donc eu droit à aucune circonstances atténuantes. L'article 250 a donc été a été purement et simplement respecté et appliqué.

Ces sept soldats étaient âgés de 21 à 23 ans, un peu jeunes pour mourir… Nous pleurons nos soldats français mais que pensaient ces familles allemandes, ces familles qui avaient perdu un jeune fils, un mari, un père ?... Que pensent les descendants aujourd'hui ?...

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Commentaires
A
Merci !
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M
Le jugement aurait été intéressant...encore un bel article Christiane Bravo !
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