Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Antequam... la généalogie !
Antequam... la généalogie !
  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 227 135
3 novembre 2018

Challenge AZ : CAMUS Ernest, fusillé de la Première Guerre Mondiale…

Les fusillés de la Première Guerre Mondiale ne sont pas tous des criminels mais le Code de Justice Militaire en vigueur est rigoureux et le temps de guerre ne permet pas la "tolérance" de la part des autorités en présence…

CAMUS Ernest - Jugement

CAMUS Ernest naît le 20 mars 1880 à Buironfosse, dans l'Aisne. Il est fils de Auguste Ernest, sabotier, et Adelphine SELLET, sans profession.

De la classe 1900, bureau de Saint-Quentin, Ernest est décrit mesurant 1,71 m. et les cheveux châtain foncé, les yeux gris. Il exerce la profession de sabotier, comme son père. Il est instruit car il a le Certificat d'études primaires mais ne sait pas nager…

CAMUS Ernest - FM

Il a le numéro 84 au tirage au sort du canton de La Capelle. Jugé "Bon pour le service", il est incorporé le 16 novembre 1901 au 128ème Régiment d'Infanterie. Il monte très vite en grade : sergent-fourrier le 11 février 1904 puis sergent le 6 juin de la même année. Suite à une fracture du bras droit, il est hospitalisé du 8 juillet au 7 août 1904, puis en convalescence le mois suivant. Revenu au régiment, Il est envoyé dans ses foyers le 18 septembre 1904 avec le certificat de bonne conduite.

Il est nommé Gendarme à pied à la 2ème Légion de la Gendarmerie, à Ham, dans la Somme, le 29 mars 1905. Là, commence sa "mauvaise conduite"… Il est d'abord puni pour être allé danser alors qu'il était en tenue, puis pour absence illégale… Le comble : il est ramené par les gendarmes ! Enfin, il comparaît devant un Conseil d'enquête pour "indélicatesse et emprunt de sommes d'argent à une jeune fille en promesse de mariage… Il est donc justement réformé de la gendarmerie le 9 mars 1906 et rayé des contrôles le 16 mai suivant.

Depuis le 16 mars 1914, il habite à Chauny, dans l'Aisne, et il rejoint le 151ème Régiment d'Infanterie, le 12 août, où il est nommé à l'emploi de sergent fourrier le 7 septembre 1914. Il est, sur sa fiche matricule, déclaré "Mort pour la France" le 31 décembre 1914 à Poperinghe, en Belgique.

En décembre 1914, la 8ème Compagnie, dont fait partie Ernest, est stationnée près d'Ypres, en Belgique. M. DUMONT, Officier payeur, passe le 21 du mois "pour y régler le prêt de la compagnie qui ne peut être payé qu'aux sous-officiers, la compagnie devant quitter le cantonnement à 17 heures pour se rendre aux tranchées".

Le 23 au matin, le Sergent CAMUS, faisant fonction de sergent-major, se prétend malade et emmène avec lui les malades de la Compagnie au centre de soins à la Porte de Lille. En réalité, il ne se présente pas à 'infirmerie. Le Sergent DEMOLLIENS, alors qu'il revenait au régiment, affirme avoir aperçu le sergent CAMUS, en tricot et sabots, au café "A la Tour", rue au Beurre. Accompagné de l'Adjudant VERMONT et du Fourrier JAFFEUX, il se rend sur place. Bien sûr Ernest CAMUS est introuvable mais ils trouvent ses papiers militaires qu'il a laissé là. Le cafetier raconte qu'il a acheté un costume bleu marine et une paire de lunettes et qu'il s'est fait rasé. Il doit 1,80 francs au café. L'Officier payeur a versé 1423,79 francs, 452 francs ont été reversés aux sous-officiers ainsi que 500 francs de boni, Ernest est accusé d'avoir détourné 471,79 francs !

Le Sous-Lieutenant COUPLET, commandant la compagnie, demande aussitôt que le Sergent CAMUS soit déféré devant le Conseil de Guerre pour "désertion en présence de l'ennemi avec port d'effets et armements militaires et détournement du prêt de la compagnie". Mais… Ernest CAMUS n'est pas parti bien loin : vêtu en civil et en état d'ivresse, il est arrêté par la Gendarmerie le 28 décembre 1914 dans un estaminet de la rue Saint Nicolas à Ypres ! Revenu à un état "normal", il parle aux gendarmes : "Je suis venu me reposer aux cuisines de ma Compagnie installées à Ypres et, par ordre du Médecin major, les 17 et 18 décembre, j'ai ensuite rejoint ma compagnie et l'ai quittée alors qu'elle était aux tranchées le 23 décembre vers six heures. Comme je faisais fonction de Sergent major, j'avais sur moi une somme de 650 francs. Je me suis procuré des vêtements civils par l'intermédiaire d'un individu que j'ai rencontré dans un estaminet de la rue Saint-Nicolas et j'ai dépensé dans les cafés de la ville l'argent de ma compagnie. Je ne connaissais pas celui qui m'a procuré des vêtements civils mais je crois qu'il s'appelle Isidore. Je regrette l'acte que j'ai commis et je m'engage à restituer, après la guerre, l'argent que j'ai détourné". Ernest CAMUS est ensuite remis aux autorités du 151ème Régiment d'Infanterie.

CAMUS Ernest - LM

Présenté devant le Conseil de Guerre le 30 décembre 1914, Ernest CAMUS apprend le verdict le jour même : condamné à la peine de mort. Le 31 décembre 1914, à 4 heures 50 du matin, à Poperinghe, en Belgique, Ernest CAMUS apparaît devant un détachement de 50 hommes et le peloton en armes. Il n'est pas porteur d'insigne. Le condamné est placé, puis, après lecture de la sentence, ses yeux sont bandés et il est mis à genoux. A 5 heures, l'ordre est donné, s'en est fini ! Les troupes défilent devant le corps gisant là, ce dernier ne sera enseveli qu'après…

CAMUS Ernest - SGA

Un point important, sa fiche SGA indique bien la date et le lieu du décès… Mais le genre de mort enregistré est "Tué à l'ennemi". L'acte de décès a été transcrit sur les registres de l'état civil de la commune de Buironfosse le 2 octobre 1919… Il a son nom inscrit sur la plaque dans l'Eglise ainsi que sur le Monument aux Morts de la commune de Buironfosse.

CAMUS Ernest - Livre or

Ernest CAMUS était marié et père de deux enfants qui ont été, avec son père, évacués des zones occupées. Il a demandé de leurs nouvelles au maire de la commune de Chauny mais, aura-t-il eu des nouvelles avant de mourir ?... Quelle double peine pour la famille !

Publicité
Commentaires
M
Moi aussi je l'aurais acquitté ....
Répondre
S
Une peine qui semble aujourd'hui complètement disproportionnée par rapport à ce qu''il a fait... Pour l'exemple disait-on ? Drôle d'exemple tout de même...
Répondre
G
Acquitté, je l'aurais acquitté...ou tout au moins affligé d'une peine moins radicale. N'y avait-il donc aucun père inquiet pour son propre fils dans les rangs des conseils de guerre ?
Répondre
Archives
Publicité
Publicité