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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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29 juin 2018

Challenge UPro-G : l'école de filles de Seine-Port, Seine-et-Marne...

Lorsque de généreux donateurs offrent une école pour les filles...

AD77 - 4 OP 408/1

Le 9 mars 1862, certains propriétaires de la commune de Seine-Port, font l'acquisition d'une maison qu'ils destinent à l'usage d'une école de fille...

Dans l'acte d'achat, enregistré devant Me AUBERGÉ, notaire à Melun, la maison est ainsi décrite : "Une maison et toutes ses dépendances située à Seine-Port, rue de la Ville, ci-devant et actuellement, rue Saint Lazare, non numérotée, comprenant deux travées de bâtiments, renfermant au rez-de-chaussée deux pièces à cheminées, au premier étage deux chambres, greniers au-dessus, couverts en tuile, foulerie en appentis, grenier au-dessus, cellier à côté, jardin contenant environ sept ares six centiares. Le tout s'entretenant et tenant du levant à la rue Saint Lazare, du couchant et du nord à MM. DELION et MOREL, murs non mitoyens appartenant à ce dernier. Les donateurs donnent aussi la somme de quatre mille francs pour les frais de première installation. Ils s'engagent aussi à fournir le premier mobilier des sœurs".

Les propriétaires vendeurs sont M. Charles de CATALOGNE et Mme Rose Marie Georgina HUYGHUES-DESPEINTES, son épouse, demeurant au Robert, en Martinique, et M. Adrien BOYER, et Mme Luce Marie CAZENEUVE, son épouse, demeurant à Paris. Les donateurs ont donc acquis cette propriété, au prix de neuf mille cinq cents francs, devant Me AUBERGÉ, le 9 mars 1862.

Les acquéreurs de cette maison sont :

  • M. Marc Antoine Victurnien, Prince de BEAUVAU, Député du Corps législatif, Chevalier de la Légion d'Honneur, demeurant 12, rue des Champs Elysées, à Paris,
  • M. John STANLEY et Marie Thérèse TALLEYRAND-PERIGORD, son épouse, demeurant 5 bis, rue du Cirque à Paris,
  • M. Paul François CHÉRET, curé de la commune, y demeurant,
  • Mme Suzanne BUXTORF, veuve de M. François Eugène RUELLE, propriétaire, demeurant à Seine-Port,
  • M. Denis Jean Baptiste Alexandre GAUTHIER de LAVERDERIE, Général de Brigade, Grand Officier de la Légion d'Honneur, et Luce RAMBOURGT, son épouse, demeurant à Seine-Port.

Le 13 septembre 1862, les nouveaux propriétaires offrent la maison et ses dépendances à la commune en vue de l'ouverture d'une salle d'asile et d'une école de filles qui seront dirigées par un ordre religieux – la Congrégation de Saint Louis. Les conditions sont :

  • la destination de cette maison ne peut être modifiée,
  • la commune devra allouer la somme de 470 frs annuels,
  • les sœurs ne pourront être plus de trois : une pour la classe de fille, une pour la salle d'asile et une pour soigner les malades à domicile,
  • les donateurs, de leur vivant, pourront visiter l'établissement à leur gré,
  • si la commune ne pouvait plus avoir de religieuses, alors la maison reviendrait aux donateurs, de leur vivant, sinon, la maison serait vendue au profit des pauvres du pays et le bénéfice de la vente serait versé au Bureau de Bienfaisance.

Un autre acte de donation a été dressé le 8 octobre 1866, suite au décès du Général de LAVERDERIE et M. le Prince de BEAUVAU a refusé de le signer et en conteste la qualité car Mme de LAVERDERIE y a donné ses droits à la commune ! La donation reste donc en suspens.

AD77 - 4 P 34/427

Le 17 août 1867, Augustin TRAINARD, entrepreneur de maçonnerie, est nommé expert par la commune pour faire l'estimation de cette maison, située rue Saint Lazare. Il estime, dans son rapport, que les murs, la charpente et la toiture sont en bon état, et la maison en capital à la somme de six mille francs pour un revenu locatif de trois cents francs.

Le 20 novembre 1867, le conseil municipal se réunit ; sont présents : MM. LEGRAND, BERTRAND, COLOMBE, MILLOT, TRAINARD, HAURANT, PIGERNET, CUISY, GRANGER, BARBA et MOREAU. M. Le Prince de BEAUVAU s'est excusé. Lors de cette séance, le maire donne lecture de différents courriers échangés entre M. le Prince de BEAUVAU, le curé – l'abbé CHEVET – de Seine-Port, M. STANLEY et Mme RUELLE au sujet de la donation de Mme de LAVERDERIE faite en faveur de la commune de Seine-Port. La donation avait certaines conditions qui ne sont pas respectées.

La municipalité décide de ne plus verser de subvention – 500 frs – à l'école de filles tenue par les religieuses de la Congrégation de Saint-Louis et annule le supplément versé au curé – 200 frs – à compter du 1er janvier 1868. Le Préfet, saisi de l'affaire, fait quelques remarques le 8 février 1868 et... la subvention est de nouveau accordée, avec quelques difficultés de paiement semble-t-il ! En effet, M. le Prince de BEAUVAU rappelle que l'article 36 de la loi du 15 mars 1850 indique que "Les communes ne pourront être dispensée par le comité départemental d'entretenir une école publique de filles qu'à la condition qu'elle pourvoit à l'enseignement primaire gratuit dans une école libre de tous les enfants dont les familles sont hors d'état d'y subvenir".

M. le Prince de BEAUVAU et autres alliés contestant la donation auprès du Tribunal de Melun sont déboutés et le Préfet entérine la décision juridique quant à la donation de Mme de LAVERDERIE.

Signature de Mme de LAVERDERIE - AD77 - 4 OP 408/1

En juin 1869, M. le Prince de BEAUVAU demande des comptes à la municipalité de Seine-Port. Il existe une école de filles tenue par des religieuses. Ces dernières, en sa représentante, Sœur Thérèse – veuve Baronne de VRAUN – se sont plaintes de ne pas avoir reçu la subvention prévue de la part de la municipalité et ne peuvent vivre que des cotisations scolaires – pour ceux des parents qui pouvaient payer les frais. Hors, la municipalité doit payer pour les enfants dont les familles ne peuvent s'acquitter desdits frais. Sœur Félicie – Félicie JACQUEMARD – est l'enseignante depuis le 1er janvier 1868.

La réponse de la commun est surprenante "il n'y avait pas assez d'argent en caisse, mais, le 28 juin, la mère supérieure peut se présenter à la Caisse du Trésorier Payeur de Melun..."

Le 7 juillet 1869, après une énième intervention du préfet, le maire, M. Louis LEGRAND rappelle que la suppression avait été votée en conseil municipal le 20 novembre 1867, que, par intervention préfectorale, elle existe bon an mal an, mais qu'elle n'est pas obligatoire et systématique. Il prie aussi le préfet de ne pas s'occuper d'avantage de cette "affaire"...

Quand la commune de Seine-Port est-elle devenue la seule et unique propriétaire de ce bien ? Au décès de tous les autres propriétaires... Donc au plus tard le 27 décembre 1907 !

  • Monsieur Jean Baptiste Alexandre GAUTHIER de LAVERDERIE décède le 21 décembre 1866 à Paris.
  • Paul François CHÉRET est prêtre à Château-Landon, en Seine-et-Marne, en 1872.
  • Monsieur Marc René Antoine Victurnien Prince de BEAUVAU décède le 30 mars 1883 à Nice.
  • Madame Amélie Luce RAMBOURGT, veuve GAUTHIER de LAVERDERIE, décède le 24 janvier 1886 à Paris.
  • Monsieur John STANLEY-ERRINGTON de HUGGERTON-HALL décède le 19 mars 1893 à Paris.
  • Madame Julie Suzanne RUELLE est décédée le 12 avril 1899 à Seine-Port
  • Madame Marie Thérèse TALLEYRAND-PERIGORD, veuve STANLEY, décède le 27 décembre 1907 à Fernhill-Windsor, en Grande-Bretagne.

A ce jour, je n'ai, en ma possession aucun autre document me permettant de dater et la fin de cette école de filles – mixité possible dans l'école de garçons, ainsi que sa destinée – qui en est le propriétaire aujourd'hui... Affaire à suivre !

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