#Genealogie30 : la signature ...
La signature, qu'est-ce que cela représente en généalogie ?...
J'ai déjà parlé de l'importance des signatures dans un article du 3 mai 2017 et j'insiste encore aujourd'hui sur ce point.
En effet, les signatures reflètent, surtout pour les très anciennes, du niveau d'instruction de nos ancêtres. Pour les hommes, il est moins étonnant, surprenant, s'ils savent signer : eux avaient la possibilité d'aller à l'école. Les communes avaient au moins l'enseignement dispensé par le curé. Ensuite, il y a eu les écoles de garçons...
Pour les filles, c'est une autre affaire. Seules les filles des familles aisées avaient un enseignement, dispensé, là, souvent, par un précepteur... Il faut attendre la fin du 19ème et le début du 20ème pour que la société accorde de l'importance à l'enseignement des filles !
Quelques exemples de signatures, présentes ou absentes dans certains actes...
1 – Nicolas MENOT (1754-1821) – Sosa 64
Nicolas étant né dans la zone du Chemin des Dames, les archives sont absentes pour ce qui concerne les actes antérieurs à 1811, en règle générale. Mais, Nicolas est présent au mariage de sa fille Marie Anne Françoise avec Jean François TOMBOIS, le 19 avril 1815 à Chassemy (02) et il ne signe pas !
2 – MENOT Laurent Alexandre (1807-1863) – Sosa 32
Le 8 février 1836, à Chassemy, Laurent Alexandre épouse Marie Rose LANGINIER. Aucun des mariés ne sait écrire, donc, pas de signature. Laurent Alexandre signe pour la première fois dans l'acte de naissance de son troisième enfant, Eugène, le 26 octobre 1843. Il s'est trompé au moment de signer et il corrige... A la naissance de son quatrième et dernier enfant, Marie Rose le 5 mai 1849, il ne signe pas ! Je m'interroge : il savait signer puisqu'il a signé une fois. Peut-être n'était-il pas sûr de lui ?
3 – MENOT Alexandre Bélisaire (1839-1913) – Sosa 16
Le 4 mars 1867, à Vailly-sur-Aisne, au mariage de Alexandre Bélisaire et Augustine Alexandrine MOUZIN, les trois frères, Alexandre, Prince et Eugène, signent. Eugène va plus loin en ajoutant, avant son patronyme, l'initiale de son prénom. Il voulait certainement que l'on sache quel "MENOT" il était...Augustine Alexandrine et son père signent tous les deux.
Par la suite, la descendance a su lire et écrire, puis compter puis...
4 – HOULGATTE Victoire (1771-1857) – Sosa 127
Le 26 juin 1798, à Urville-Bocage, dans la Manche, Victoire épouse Jean Baptiste LE RENARD. Les deux époux signent, mais, ce qui est surprenant, en 1798, Victoire signe !... La signature, précédée de l'initiale de son prénom est appliquée. Je sens le soin qu'elle a mis pour que cette signature, à côté de celles claires et affirmées de sa belle-famille, montre à quel point, elle aussi, peut écrire !
5 – RENARD Bonne Aimable Victoire (1812-1884) – Sosa 63
Bonne Aimable Victoire est l'avant dernière enfant, d'une fratrie de neuf, du couple LE RENARD Jean Baptiste et HOULGATTE Victoire.Le 8 juillet 1847, à Urville-Bocage, elle épouse Louis Julien MARIE. Les deux époux signent, l'un en dessous de l'autre, et tous deux avec le prénom écrit en entier.
6 – MARIE Léontine, dite Lavigne (1850-) – Sosa 31
Bonne Aimable Victoire et son mari, Louis Julien MARIE ont eu deux filles : Marie Aimable Frosine et Léontine.Cette dernière, surnommée Lavigne, épouse Gustave Michel Bernard BLAIZOT le 13 janvier 1867 à Urville- Bocage. Léontine signe son patronyme précédé, là encore, de l'initiale de son prénom. Lors de son second mariage, le 14 septembre 1882 à Paris (7ème) avec Charles Auguste GUILGOT, la signature de Léontine est plus assurée... Léontine sera épicière et gèrera un bureau de tabac.
7 – BLAIZOT Augustine Marthe Marie (1881-1940) – Sosa 15
Augustine Marthe Marie est la plus jeune des deux filles, et seules enfants, du couple Léontine-Gustave. Lors de son mariage, le 28 mars 1908 à Paris (17ème) avec Achille CARON, c'est tout naturellement qu'elle signe : L. BLAIZOT. Dans les souvenirs qui m'ont été rapportés la concernant, c'était une femme de fort caractère, j'ai écrit fort, pas mauvais. C'est presque contradictoire avec la petite signature apposée au bas de sn acte de mariage, petite en rapport avec celles du mariés et des témoins. Augustine Marthe Marie tiendra un kiosque à journaux pendant de nombreux années au rue Boissy d'Anglas à Paris, dans le 8ème arrondissement.
Ma conclusion, uniquement sur l'étude que je viens de vous présenter, est que les hommes – de mon côté paternel – ont commencé à signer en bas des actes au milieu du 19ème siècle, alors que les femmes – de mon côté maternel – signaient dès 1798 !... Comment, Victoire HOULGATTE a-t-elle appris à signer, sinon écrire ?...