Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Antequam... la généalogie !
Antequam... la généalogie !
  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 226 830
10 novembre 2017

VOYER Georges Raoul et GOULON Léonce Georges, Fusillés de la Première Guerre Mondiale …

Georges RaoulVOYER, un des cinq fusillés de Seine-et-Marne… Mais quelle n'est pas ma surprise dès le début de la lecture : Georges Paul n'est pas seul dans son abandon de poste, il a quitté le poste avec un compagnon d'armes, Léonce Georges GOULON !

Georges Raoul VOYER naît le 11 juin 1889 à Melun (77). Il est fils de Georges, trente ans, vannier, et Joséphine VELLAY, vingt-trois ans, sans profession. Il est le troisième enfant d'une fratrie de cinq : Céline, née le 5 mai 1885 à Moisenay, Seine-et-Marne, et trois autres enfants tous nés à Melun, Julie, le 9 février 1887, décédée le 15 octobre 1888, Julie Joséphine Marie, née le 22 juillet 1891, et Germaine Georgette, le 7 décembre 1894.

Georges Raoulayant des problèmes de santé ne part pas de suite au service militaire. Il est incorporé le 7 octobre 1911 au 1er Régiment du Génie. Le 26 octobre 1912, la Commission spéciale de réforme de la Seine le classe "bon pour le service armé". Il est donc envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1913 avec le certificat de bonne conduite. Il est rappelé à l'activité par l'Ordre de Mobilisation générale du 1er août 1914 et rejoint son régiment le 3 du même mois.

Léonce Georges GOULON naît le 14 décembre 1883 à Paris, dans le 13ème arrondissement. Il est fils de Jules Alfred et Marguerite MASSET. Appelé de la classe 1903, il est incorporé au 3ème Régiment du Génie le 15 novembre 1904 et est envoyé dans la disponibilité le 14 août 1907. Le 3 novembre 1910, il est condamné à huit jours de prison par le Tribunal civil de la Seine pour "outrage aux agents". Rappelé à l'activité par l'Ordre de Mobilisation du 1er août 1914, il rejoint le 1er Régiment du Génie à Versailles, dans les Yvelines.

Les deux hommes comparaissent devant le Conseil de Guerre de la 69ème Division d'Infanterie pour abandon de poste devant l'ennemi : "Ayant reçu l'ordre du Sous-Lieutenant Moscio, le 2 novembre 1914 à 19 heures, de rester au pont de Soupir pour procéder, si besoin était, à sa destruction, s'être enfui et n'être rentré au cantonnement que plus de 24 heures après, sans pouvoir donner de bonnes raisons de sa conduite".

La plainte a été déposée par le Capitaine COLLIN, commandant la Compagnie Divisionnaire du Génie où sont affecté les deux sapeurs-mineurs Georges Raoul VOYER et Léonce Georges GOULON. Le texte est identique pour les deux hommes, sauf les patronymes changent dans le corps de la rédaction.

"Le 2 novembre à 19 heures, le S/lieutenant Moscio, rentrant de Soupir avec une partie du détachement qu'il avait emmené pour exécuter des sapes, nous a rendu-compte du fait suivant : "S'étant arrêté au pont construit sur l'Aisne en face l'allée de Soupir pour examiner s'il lui serait possible , le cas échéant de détruire cet ouvrage, il donna l'ordre au Sapeur Goulon / Sapeur Voyer de la Compagnie de se joindre au détachement mis à l'abri le long de l'Aisne pour procéder, si besoin était, à l destruction du pont. Contrairement à cet ordre, le Sapeur Goulon / Sapeur Voyer s'esquiva sans que le S/Lieutenant s'en aperçut." Cet homme ne rentra d'ailleurs au cantonnement que le lendemain, 3 novembre, sans pouvoir donner les raisons de sa fuite et en fournissant, de son emploi du temps, diverses justifications dont la première fut immédiatement reconnue fausse.

Nous avons, en conséquence, infligé au Sapeur Goulon / Sapeur Voyer une punition de 15 jours de prison avec le motif suivant : "Ayant reçu l'ordre de rester au Pont de Soupir pour procéder, si besoin était, à sa destruction, s'est enfui et n'est rentré au cantonnement que plus de 24 heures après sans pouvoir donner de bonnes raisons de sa conduite". La faute reprochée au Sapeur Goulon / Sapeur Voyer étant celle d'abandon de poste en face de l'ennemi (art. 213 du Code Justice militaire), nous avons l'honneur de demander qu'il soit, pour ce fait, déféré au Conseil de Guerre de la 69ème Division de Réserve".

Le 12 novembre 1914, Le Conseil de Guerre de la 69ème Division d'Infanterie de réserve siège à Braine, dans l'Aisne.

Deux militaires sont entendus en tant que témoins : le Sous-Lieutenant Henri Jules MOSCIO et le Caporal Louis Gaston SCHERMANN, tous deux affectés à la Compagnie Divisionnaire du Génie. Le Conseil de Guerre leur pose simplement deux questions, seuls les patronymes changent, auxquelles les deux témoins répondent par l'affirmative :

  • "Le Sous-Lieutenant MOSCIO a-t-il donné, aux hommes dont faisait partie le Sapeur Goulon / Sapeur Voyer, l'ordre de rester avec lui au Pont de Soupir ?"
  • "Le Sapeur Goulon / Sapeur Voyer a-t-il, malgré l'ordre que vous lui aviez donné, abandonné, le 2 novembre 1914, son poste au Pont de Soupir, en face de l'ennemi ?"

Le 14 novembre 1914, le Conseil de Guerre rend son verdict, toujours aussi implacable dans le cas d'un abandon de poste devant l'ennemi : la peine de mort ! Les deux hommes, Georges Raoul VOYER et Léonce Georges GOULON sont exécutés le 15 novembre 1914.

La lecture des constats de décès enregistrés par Marius Adolphe AUGIER, Docteur en Médecine, Major de 2ème classe de la Compagnie Divisionnaire du Génie, est effroyable de détails… Georges Raoul et Léonce Georges ont été touchés à sept et neuf reprises par le peloton d'exécution. Seulement, ils n'étaient pas encore morts. Alors, ils ont reçu le "coup de grâce" : une balle dans la tempe gauche…

exécution

Le dossier comporte quarante feuillets, mais, hormis les documents répétés par deux fois – une fois par soldat accusé – il n'y a pas les interrogatoires desdits soldats… J'ai la triste sensation de l'urgence qu'il y avait à "régler cette affaire" ! Madame BOUCHARD-POPINEAU a demandé la révision du jugement concernant Léonce Georges GOULON, son gendre, en 1922 ; elle a reçu une fin de non-recevoir le 29 juin de la même année…

Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
Publicité