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Antequam... la généalogie !
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  • La généalogie vue autrement... Antequam, Christiane MENOT, est une généalogiste familiale professionnelle qui n'oublie pas ses trente années d'expérience en tant que généalogiste amateur...!
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5 octobre 2017

Challenge UPro-G, la France et le choléra, loi du 3 mars 1822…

Le choléra est une maladie qui se manifeste par d'importantes diarrhées et de la déshydratation.

Dès le XIXème, le choléra touche de nombreux pays. En 1822, lors de la première pandémie de choléra, le Président de la République, Casimir PERIER, avait fait voter une loi pour renforcer les contrôles sanitaires aux frontières.

Après avoir touché la Russie en 1828, la Pologne, l'Allemagne et la Hongrie en 1831, le choléra touche à nouveau la France. La loi du 3 mars 1822 est rappelée et appliquée.

"L'article 14 de la loi du 3 mars 1822 punit, de 3 à 15 jours de prison et de 5 à 50 francs d'amende, toute contravention aux règlements généraux ou locaux, rendus en matière sanitaire, ainsi qu'aux ordres des autorités compétentes".

Le contrôle s'effectue aussi sur tous les colis en provenance de Russie, quel que soit le moyen d'acheminement. Ils sont systématiquement désinfectés. Cet examen se fait en même temps que celui des Douanes.

L'article 41 de la loi indique que "Les autorités sanitaires pourraient refuser l'admission en quarantaine si les lazarets ou autres lieux à ce destinés ne présentaient point de suffisantes garanties, s'ils étaient déjà encombrés, en proie à l'infection ou menacés de l'être ou bien si la provenance était elle-même tellement infectée qu'elle ne pût être admise sans danger pour la sûreté publique". (Traité du Choléra-Morbus par F.-G. BOISSEAU)

L'article 5 précise la conduite à tenir en cas d'impossibilité de purification : "En cas d'impossibilité de purifier, de conserver ou de transporter sans danger des animaux ou des objets matériels susceptible de transmettre la contagion, ils pourront être, sans obligation d'en rembourser la valeur, les animaux tués et enfouis, les objets matériels détruits ou brûlés". (Traité du Choléra-Morbus par F.-G. BOISSEAU)

En vue de se prémunir contre une nouvelle épidémie sanitaire, le gouvernement CAVAIGNAC crée, le 10 août 1848, un Comité consultatif d'hygiène publique de France. La création de cette institution nationale devait être suivie par la formation de commission d'arrondissement, ce qui ne fut pas fait très rapidement à Paris.

En janvier 1849, le choléra entre en France par Dunkerque. La première démarche visant à rassurer la population, il est laissé croire que ce n'est pas contagieux, même si certains médecins émettent des doutes, l'Académie juge préférable de se taire. La Gazette médicale de Paris insiste sur le développement de la maladie dans les habitations insalubres. Le Ministre de l'Agriculture et du Commerce envoya, aux préfets, des instructions sur la conduite à tenir face à l'épidémie.

Gazette médicale de Paris, n° 3 du 20 janvier 1849

"On parle aujourd'hui du choléra sans trop s'effrayer, comme d'une ancienne connaissance dont on a peu à se louer, mais qu'on a vu de tout près et dont on ne s'exagère pas la gravité. […] La scarlatine à Londres a provoqué une mortalité bien plus effrayante".

Alors qu'à Paris, le Préfet de Police avait signé, dès le 30 novembre 1848, une ordonnance sur la salubrité des habitations, l'Académie de médecine, intervient tardivement : le choléra est déjà dans Paris lorsqu'elle se préoccupe de formuler des recommandations assez puériles.

L'Union médicale, 15 mars 1849

"Il s'y est agi aussi du choléra comme on devait s'y attendre, il eut mieux valu que l'Académie ne s'en occupât pas du tout, que de le faire d'une façon aussi insuffisante. Le projet d'instruction ne peut pas être accepté. Mieux vaut se taire que de recommander ces banalités hygiéniques dont le moindre défaut est d'être presque toujours inexécutable par la classe des citoyens auxquels on les recommande. Le projet, par exemple, recommande l'air pur. Où le trouver cet air pur dans les cloaques infects habités par les classes malheureuses ? Il recommande la flanelle […] où prendre e l'argent quand on a à peine de quoi acheter du pain ?"

L'épidémie sévit du printemps à l'automne. A l'issue, il apparaît que les taux de mortalité les plus élevés se retrouvent, comme en 1832, dans les quartiers et les îlots les plus défavorisés sur le plan de l'hygiène.

Choléra-Morbus

Le 14 juillet 1849, M. de MELUN, député du Nord, propose de légiférer avec un texte mettant en rapport le lieu de l'habitation avec la santé physique et morale de l'ouvrier. Cette loi est votée, à l'unanimité, le 13 avril 1850. Son objet principal est de contraindre les propriétaires à assainir les habitations locatives sous peine d'amende. Le taux de l'amende étant faible, les propriétaires préfèrent la payer plutôt que de faire de trop coûteux travaux dans les habitations qu'ils louent.

Le décret d'application de la loi ne fut pris que le 29 janvier 1886. Auparavant, elle était peu ou mal appliquée.

Dans sa séance du 25 septembre 1908, le Conseil d'hygiène publique et de la salubrité de la Seine décide un plan de défense sanitaire de Paris contre le choléra, suite au décret du 18 septembre 1908. Ce décret renforce les mesures de la loi du 3 mars 1811. Elles sont strictes : tout voyageur reconnu suspect de choléra sera retenu à la frontière et soigné dans des lazarets aux frontières. Ceux étant "sains" reçoivent un carnet sanitaire qu'ils doivent présenter au maire de la commune où ils se rendent. S'ils se rendent à Paris, ils n'ont pas de carnet mais doivent indiquer au service compétent l'adresse à laquelle ils se rendent.

 

 

 

 

 

Force et de constater que seuls les voyageurs à destination de Paris ne reçoivent pas de carnet sanitaire. Il faut donc prendre d'autres mesures au niveau local. Le Conseil d'hygiène fait donc installer un poste médical en gares de l'Est et du Nord. Les voyageurs surveillés sont ceux arrivant de Russie. Chaque voyageur est examiné par le médecin, les bagages sont fouillés et le linge paraissant suspect est immédiatement jeté. Les voyageurs doivent aussi donner les renseignements suivants :

  • de quelle localité ils arrivent,
  • les étapes où ils se sont arrêtés, ainsi que la durée de ces étapes,
  • le lieu où ils se rendent : adresse à Paris ou commune en France.

Une note leur est présentée écrite en russe.

Après ce minutieux examen médical à l'arrivée en gare, les voyageurs sont soumis à une deuxième visite médicale sur le lieu de leur résidence, 24 heures après leur installation, puis encore un autre une semaine plus tard. Si d'aventure le voyageur donne une mauvaise adresse, des recherches et poursuites sont lancées contre lui.

De nos jours, le Règlement sanitaire international a établi des mesures de surveillances afin de protéger les pays contre les épidémies mondiales que provoquaient, autrefois, telles celles de la peste, du choléra, de la fièvre jaune … Cette règlementation consiste, entre autres, en l'application systématique de mesures d'isolement, de désinfection,  …, selon la provenance des sujets et en la pratique des vaccinations obligatoires pour les voyageurs se rendant dans certains pays.

Le 12 juin 1849, Charles Dominique DEVILLERS, soigné par le docteur BEGIN, est décédé du choléra à Paris, dans le 10ème arrondissement. Il est notre sosa 48 !

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