Challenge AZ – V… comme série V : Comment mourir en paix…

La série V m'entraîne à consulter le document coté 2 V 20… Le contenu est varié : actes de bénédiction d'autels, tant dans les églises que dans les chapelles privées, les bénédictions de chemins de croix dans les églises et, ce qui a aiguisé ma curiosité : les actes d'abjuration !

Je vais peut-être vous décevoir, mais il n'y en avait pas tant que cela… Ils sont tous rédigés de la même manière, pour la bonne raison que la "Sainte Eglise" avait donné les consignes. Sur ceux que j'ai pu lire, un était calviniste, tous les autres étaient luthériens, sauf celui dont je vais vous parler. Pour celui-là, aucune attention à son appartenance luthérienne ou calviniste : c'est le flou absolu dû au zèle du curé de la paroisse de Montereau – Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne.

Voilà l'histoire… Depuis quelques jours, le curé de Montereau visitait un malade, lorsqu'il apprit, par hasard, que ce dernier était protestant. Bien trop tard pour en aviser l'Evêque de Meaux ! C'était le dimanche 4 août 1898, avant la messe de 10 heures. Le malade allait mourir, il fallait réagir, et vite.

Alors, après avoir pris les conseils de Monsieur le Doyen, le curé a reçu l'abjuration de ce malade. Auparavant, par crainte de la non-validité du baptême, il avait confessé et absous le moribond et lui avait donné le Baptême… sans condition. Puis, il lui a fait prononcer un acte de foi, et, enfin, il l'a fait abjurer l'hérésie. Le mourant a déclaré détester la religion protestante de toute son âme.

Le curé poursuit son récit en précisant que le malade est toujours resté calme et résolu, protestant, en pleine connaissance, de sa foi en tout ce que l'Eglise catholique et romaine ordonne de croire. Cependant, la nécessité devenant plus grande à cause de l'extrême faiblesse du malade, le curé lui a conféré le sacrement de l'Extrême onction.

Puis il est parti dire sa messe. Sa satisfaction de la journée est que le malade est décédé le soir même, 4 août 1898, dans "les meilleurs sentiments" et affirmant jusqu'à la fin "sa confiance en Dieu".

Le curé termine son rapport à l'Evêque en ces termes : "Ne trouvant pas au Rituel de modèle de procès-verbal pour "l'abjuration d'une hérésie en cas de nécessité", je m'abstiens de faire le procès-verbal, d'après le conseil de Monsieur le Doyen. […]".

Cette correspondance est signée L. Bruneteaux, vic. – comme… vicaire ?

Bien, un homme a abjuré sa confession protestante pour la confession catholique juste avant de mourir mais qui ? Jamais, au grand jamais, ledit vicaire n'a nommé le malade, n'a dit où il résidait dans Montereau ! Mais, c'est sans compté sur l'état civil…

Le registre 6 E 323/53 de l'état civil de Montereau, numérisé et mis en ligne par les archives départementales de la Seine-et-Marne ne signale qu'une personne de sexe masculin décédé dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 septembre. Il s'agit de Louis Alfred CLERC. Dans l'acte n° 153, Adolphe Louis SCHILLINGER, quarante-neuf ans, cordonnier, beau-frère, et Georges Armand SIMON, trente ans, marchand de faïence, cousin par alliance, déclare le décès. Louis Alfred CLERC est né à Motiers-Travers, en Suisse, le 5 juillet 1847. Fils de Louis et Julie ROTHEN, parents encore en vie, il est l'époux de Léontine Désirée SCHILLINGER.  

L'acte confirme que Louis Alfred CLERC est décédé le lundi 5 septembre 1898 à une heure du matin, 30, rue Grande à Montereau.

Il est à penser que ses parents, son épouse, son beau-frère, sont aussi de confession protestante. Les actes d'abjurations en série V est une piste à ne pas négliger lorsque l'on a des ancêtres protestants…