Les tombes des soldats : cimetière communal ou nécropole ?...

"Ainsi que l'écrivait, dans son rapport, l'honorable M. ISRAËL, il faut éviter, en effet, que la dispersion de nos morts dans tous les cimetières du territoire n'affaiblisse un jour leur souvenir dans la mémoire de la postérité et ne laisse tomber l'oubli de leur sacrifice inoubliable." Le Ministre des Pensions, des Primes et des Allocations de Guerre, André MAGINOT

(Extrait, Journal Officiel du 30 septembre 1920)

 La majorité de nos soldats Morts durant les deux Grandes Guerres, 1914-1918 et 1939-1945, sont enterrés dans des nécropoles. Là, ils sont unis à jamais quelles que soient leur nationalité, leur religion, leur idéologie !

Lorsque le visiteur est dans ces lieux, empli d'émotion et de respect, il lui est ainsi aisé de comprendre l'horreur que représentent ces deux Guerres. Il ne peut que s'interroger sur la finalité de ces deux Guerres : avoir, pour l'une combattu une politique, pour la seconde, certes, la politique, mais surtout l'abomination humaine.

Lorsque le visiteur est dans ces lieux, il ne PEUT pas oublier, il ne PEUT pas effacer ces deux pans de notre histoire. Il ne PEUT que raconter afin qu'il n'y ait pas d'oubli. Et si le visiteur est dans des lieux identiques outre Rhin, il se rend compte aussi de la misère, de la tristesse, qui ont touché ce pays, alors notre ennemi…

Car la guerre ne touche-t-elle pas deux clans rivaux et opposés ? Certes, d'un côté l'assaillant de l'autre le défenseur, mais les troupes, dans quel camp pensent-elles se trouver ?

Alors, les Nécropoles sont là pour nous rappeler l'horreur des guerres et nous rappeler que nos soldats ne sont pas Morts pour rien : nous sommes là, nous ! Nous sommes là, dans les conditions de vie que nous avons, certes, mais la France existe toujours avec ses valeurs de respect et de liberté grâce à ces soldats : NE LES OUBLIONS PAS !

Mais, qu'en est-il des soldats dont les familles ont récupéré les corps ? Où sont-ils quelques cent années après ? Qui pensent à eux ? Qui va fleurir leurs tombes ?...

Sur le moment, à la fin de la Première Guerre, l'horreur et le chagrin ont fait que les familles voulaient le leur, là, proche d'eux. Afin de pouvoir s'en "occuper" et surtout savoir que, certes dans un cimetière, mais le soldat était au pays.

Seulement, un siècle plus tard, est-ce que certains, en dehors du fait que la Nation ne parle que du centenaire, est-ce que certains se soucient de la tombe de ce soldat mort pour défendre notre cher pays ?

Dans le cimetière de Moissy-Cramayel (77), il y a la tombe d'un soldat Mort pour la France, André LAGNEROT… Natif de Bordeaux (33), il s'est marié à Villejuif (94), a été papa d'une fille, Andréa, avant de partir à la guerre.

Il est mort le 15 septembre 1915 à Couchy (62). Sa veuve s'est remariée et est venue habiter la commune de Moissy-Cramayel (77) et elle a fait transporter son défunt mari dans le cimetière de la commune. La raison ??? Leur fille est décédée à son tour. Le père, André, et la fille, Andréa, sont donc enterrés dans la même tombe. Un jour, cette sépulture, non couverte par la perpétuité accordée aux soldats Morts pour la France, disparaîtra… Qu'en restera-t-il du souvenir d'André LAGNEROT ?...

Le député M. ISRAËL avait donc raison de craindre qu'un jour, l'éparpillement des tombes dans les cimetières communaux entraîne l'oubli de ces Morts aux combats ! A moins que les élus locaux et les descendants ne cessent de rappeler ce souvenir encore et encore…